Des romans d’Amin Maalouf, je n’en ai lu qu’un seul : les échelles du levant. C’était il y a maintenant 10 ans. De ce livre je n’ai qu’une vague émotion qui me vient en souvenir. Une idée, une façon de raconter la vie des gens, de penser l’autre, de saisir les complexités qui se mélangent en un individu. Une identité ne suffit pas, elles sont plurielles et c’est le message que je retiens de cet ouvrage. Et je fus satisfait, de retrouver cette même émotion dans Léon l’Africain. Le livre entier attise en moi une étincelle de curiosité indéfinissable. Je ne comprenais pas pourquoi je me plongeais dans ces pages avec la volonté d’en savoir plus sur cet être. Sans relâche. Jusqu’à la dernière ligne.
Hassan Al-wazzan ou Hassan, le peseur ou Léon l’Africain. Tous ces noms sont les siens. Tous désignent une partie de sa vie qu’il vécut.
A. Maalouf nous donne, à travers le témoignage de Léon l’Africain, une leçon d’Altérité à la renaissance. Où autrui se présente le plus souvent (pas toujours) comme un hôte plutôt qu’un ennemi, pauvre ou fortuné, qu’il soit assis sur un trône ou sur un tabouret. Il nous dessine la vie politique de cette période historique, clefs de voûte entre le moyen-âge et le monde moderne occidental. Nous voyons comment les notables se garantissent des richesses quand les autres souffrent. Il nous invite dans des conseils diplomatiques, il nous amène dans les quartiers d'indigents des villes méditerranéennes, comme dans les plus grands palais de sultans. Bref, les chemins que prend Léon L’Africain nous montrent que le quotidien des gens importe autant que les grandes dates de l’Histoire. Que chacun a participé, à son échelle, à des révolutions ! D’autant plus que la vie d’Hassan El-Wazzad se joue dans une période charnière de l’histoire de la méditerranée. Le pouvoir croissant de l’empire ottoman après la chute de Constantinople, écrasant les puissances arabes à l’ouest et voulant faire du bassins entier son domaine. À l’Est, la montée de l’empire castillan prospère par la découverte du Nouveau Monde qui impose sa domination et défait petit à petit les royaumes d’Europe. Le livre commence par la chute de grenade et se termine par le sac de Rome. L’influence pontificale est affaiblie par les thèses de Luther. Le tout, mélangeant un ensemble de points de vue, qui fédéré, renonce à une vérité qui serait détenue par quelque pensant, alors qu’elle se trouve dans toutes les bouches. Quelle conclusion retenir de ce livre ? Elle se lit à l’aune des interlocuteurs pris dans leurs intérêts et qui existent dans un contexte particulier, et que l’ignorance de l’autre amène nécessairement au conflit. Je conseille cette œuvre, pour ceux qui aiment les styles raffinés et attisés par l’expérience de l’autre comme regard sur nous.
Je conseil ce livre, pour ceux qui aiment les styles raffinés et que l’expérience de l’autre comme regard sur nous attise.