Déstabilisant et déséquilibré. Voilà les mots qui pourraient définir ce roman. Déstabilisant car en effet, les personnages principaux sont des enfants de 12 à 15 ans et leur langage est en total décalage avec ce qu’on peut attendre d’enfants de cet âge-là. Malgré cela, on rentre facilement dans ce pensionnat de jeunes garçons et on se fond dans la masse aisément. Mis-à-part une très (trop) longue description des rites, habitudes et règles de cet établissement très religieux, l’intrigue nous prend aux tripes et on se voit à rêver d’une idylle aussi pure que ces « amitiés particulières ». Particulières, oui, ces amitiés le sont car, en vérité, c’est d’amour dont il est question, et plus précisément, d’homosexualité. Certains détracteurs y verront une apologie de la pédophilie sous couvert de paroles enfantines (en effet, Roger Peyrefitte se disait lui-même attiré par les jeunes garçons) mais je préfère y voir tout simplement une dissertation sur le droit à aimer qui l’on veut.
Déséquilibré car il est difficile de situer ce roman qui, par certains aspects est révolutionnaire (l’amour entre deux garçons) et par d’autre, rentre tout à fait dans la catégorie des romans moralisateurs (un amour totalement platonique). De plus, le semblant de révolte de George (le personnage principal) nous semble tout à fait incongru et dérisoire par rapport à ce qu’il doit subir. Sa « révolte » reste toujours dans le droit chemin et ne peut véritablement même pas être appelé « révolte » mais plutôt « sursaut ». Ce livre aurait mérité un approfondissement des sentiments et des passions qui animent n’importe quel adolescent de cet âge-là. L’époque (l’œuvre a été publiée dans les année 1940) a surement influencé le scénario pour éviter l’interdiction de sa publication.