Le roman de Roger Peyrefitte est de ceux qui ont fait scandale, et dont on parle beaucoup, même sans l'avoir lu. En effet, dès 1944, il vient, par son premier roman, narrer en quasi-autobiographie la romance naissante entre deux garçons, en plein coeur d'un pensionnat catholique, avec un comportement des prêtres qui ne correspond plus tout à fait au goût du jour.
C'est ainsi la que l'on voit aussi le changement d'époque. La ou l'homosexualité pouvait faire scandale, celui-ci est désormais normalisé, mais c'est les pages sur les adultes de ce roman qui choquent plus aujourd'hui, en reflet de valeurs mouvantes.
Si les romances et atermoiements sont particulièrement bien écrits, avec une maturité chez les protagonistes qui surprends, même dans ce milieu au vu de leur âge (12-15 ans), c'est finalement moins pour cette histoire d'amour, somme toute assez banale exception faite du genre, que le roman importe que pour sa description du mode d'éducation. Par sa description fine, ciselée et répétitive, de l'éducation en pensionnat de la première moitié du siècle, Roger Peyrefitte rapporte un document précieux sur l'éducation et la reproduction sociale des élites. Cet angle, qui raccroche avec la suite de son oeuvre sur les ambassadeurs et la vie en ministère, est ainsi un témoignage rare d'un monde pudique et souvent caché, ici livré à tous sous le couvert du romanesque.
Le bouquin est donc finalement bien plus utile que ce qu'il semble être, et Roger Peyrefitte est un vrai et bel auteur.