La femme, le mari, l'amant, le professeur homosexuel, la petite ville et son université !!!
Emily Turner, mariée et mère d'un garçon de 5 ans, s'aperçoit un jour qu'elle n'aime pas son époux, professeur d'université qui contrairement à elle vient d'un milieu modeste. Et comme en plus, elle se retrouve à vivre dans un coin paumé de la Nouvelle-Angleterre on ne peut pas dire qu'elle croule sous l'excitation. Comme pratiquement toutes femmes dans son cas, elle décide de prendre amant, et quitte à prendre amant autant prendre le type le moins conventionnel du bled, Will Thomas, collègue de son mari, musicien paresseux et homme à femmes...
Premier roman d'Alison Lurie, futur prix Pulitzer, "Les amours d'Emily Turner" est non seulement le portrait d'une femme qui essaye de vivre intensément sa vie dans la société d'une petite ville conservatrice mais aussi celui de cette dernière avec son université, avec ses codes et ses règles parfois d'une excentricité telle que ceux d'Oxford ou de Cambridge passeraient presque pour des summums de convention. Chaque chapitre s'achève par une lettre d'un professeur homosexuel, affecté pour un an dans l'université, à son compagnon resté à New York qui donne un contrepoint ironique par rapport à ce que l'on a lu précédemment dans ce même chapitre.
Alison Lurie réussit à rendre ce petit monde vivant, même les personnages les plus secondaires, à les rendre attachants malgré leurs défauts. On a même le droit à un couple dont le mode de vie préfigure celui des hippies (le roman a été publié en 1962 !!!) et à une manifestation étudiante qui fait penser à celles qu'il y aura à la fin des années 60.
On peut regretter une fin qui arrive comme un cheveu sur la soupe, un brin frustrante, mais l'ensemble se lit rapidement et d'une manière assez intense.