Pour les adeptes de romantisme fissuré...

C’est le septième art qui m’a amené à découvrir la romancière américaine Gillian Flynn. Cette dernière est l’auteur du thriller « Gone Girl » adapté depuis sur grand écran par David Fincher. J’ai été conquis par ce film. Je me suis captivé pour l’histoire et ai été fasciné par la construction narrative de la trame. En sortant de la salle, j’étais curieux de découvrir le bouquin original. Ce n’est que la semaine dernière que j’ai trouvé le temps de me plonger dans cette lecture. Je me suis offert l’édition « Livre de Poche ». Il est publié en France sous le titre « Les Apparences ». Je l’ai dévoré en quelques jours et m’empresse donc d’écrire ses quelques mots pour vous faire partager mon enthousiasme.

La quatrième de couverture offrait la mise en train suivante : « Amy et Nick forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté Manhattan pour s’installer dans le Missouri. Un jour, Amy disparaît et leur maison est saccagée. L’enquête policière prend vite une tournure inattendue : petits secrets entre époux et trahisons sans importance de la vie conjugale font de Nick le suspect idéal. Alors qu’il essaie lui aussi de retrouver Amy, il découvre qu’elle dissimilait beaucoup de choses, certaines sans gravité, d’autres plus inquiétantes. »

Tout d’abord, je me dois de vous préciser que ma critique ne traite que du roman. Je me garderai donc de toute comparaison avec son acolyte cinématographique. De plus, le fait de connaître déjà le dénouement de l’intrigue ne m’a gâché en rien la lecture. Les chapitres alternent le point de vue d’Amy et de Nick. La première nous fait découvrir des extraits de son journal intime. Ils permettent de découvrir le cheminement mené par les tourtereaux. Ils étaient amoureux, ils ne se supportent plus. De son côté, Nick nous fait vivre dans l’instant les événements qui font suite à la disparition de sa femme. Il vit une enquête policière avec les premiers rôles : mari de la disparue et premier suspect.

Amy est une conteuse dans l’âme. Elle arrive tout autant à nous faire partager des moments romantiques et touchants que des scènes dures et inquiétantes. Rapidement, j’ai eu le sentiment qu’elle jouissait d’une personnalité complexe qui n’avait pas tendance à rassurer. Elle semblait dissocier parfaitement deux images. La première est celle d’épouse modèle : intelligente, belle, fine et attentionnée. La seconde naît une fois la porte du foyer fermée. Elle y apparaît manipulatrice, dure, exigeante et égoïste. Néanmoins que les féministes se rassurent, son mari est loin d’être parfait. Elle nous fait découvrir un homme que toutes les femmes semblent attendre : beau, drôle et délicat. Néanmoins, la belle image fissure quand le quotidien s’installe. Il est davantage soucieux d’aller boire des bières avec ses copains que d’offrir du temps à son épouse. Il semble incapable de faire preuve de personnalité ou de caractère. Il est plus fainéant que volontaire. Bref, Amy et Nick possèdent une double vie : ils sont splendides en société, beaucoup moins à la maison. Le fait de vivre l’histoire à travers leurs regards nous plonge dans la réalité plutôt rude de leur routine. Le fait que le mari dont la femme disparaît ne soit pas éperdument amoureux ou désespéré casse les codes classiques du romantisme et participe activement à l’attrait de la lecture.

Mais « Gone Girl » ne se contente pas d’être une thérapie pour couples névrosées, il s’agit avant tout d’un thriller. La police enquête sur une curieuse disparition. Amy n’est plus là. Son salon a été saccagé. Rapidement, l’enquête trouve des zones d’ombre et cherche un coupable. Les médias prennent une place de plus en plus importante dans le quotidien des forces de l’ordre et de Nick. Les recherches font que l’image de mari désespéré risque de se fissurer. L’étau se resserre autour de Nick sans que nous ne le sentions venir. L’auteur possède un vrai talent pour faire monter la tension tout en déroulant sa pelote de laine petit à petit. Le suspense est fort. Il s’agit incontestablement d’un bouquin qui se lit rapidement tant le lecteur est soucieux de connaître la suite à peine un chapitre terminé. Je ne souhaite vous dévoiler davantage la trame au risque de vous gâcher le bonheur de vous laisser surprendre par les arcanes de l’histoire.

Pour conclure, « Gone Girl » est un roman de qualité. Après l’avoir terminé, je comprends aisément le succès qu’il a pu rencontrer lors de sa sortie il y a trois ans. Je comprends également l’attrait qu’a pu lui trouver David Fincher tant le potentiel cinématographique de l’histoire est évident. Je le conseille donc vivement à tout le monde que vous ayez vu le film ou non. Dans les deux cas, le plaisir sera au rendez-vous…