J'ai pris peu de plaisir à lire ce roman. Certes, il y a des rebondissements, qui retiennent un peu l'attention, sinon l'ennui était général.
Pourquoi ? Parce que si Gillian Flynn brosse des portraits de personnages manipulateurs, elle n'explique pas le pourquoi de la situation.
Je n'ai pas compris pourquoi Amy est devenue aussi machiavélique. Rien n'est dit sur sa relation complexe avec ses parents, sinon qu'ils ont osé lui retirer ses fonds. Rien de très explicatif n'est dit non plus sur son relation avec son époux, sinon qu'il a osé avoir une maîtresse.
Toujours au niveau plausibilité, du côté de la police, ça craint.
Une bonne partie des emmerdes de Nick vient du fait que c'est lui qui découvre les indices et non la police. La police aurait dû être la première sur les lieux !
Une police décidément paresseuse intellectuellement, puisqu'elle est toujours du côté de la femme soumise et maltraitée. Normal pour ce roman féministe à outrance !
Le style est quelconque, peu de descriptions sont faites, aucune phrase n'est remarquable. Alors que se promener à New York ou dans le Missouri, ça aurait pu redonner de l'intérêt à l'histoire ! Non, tout tourne autour de Nick et Amy, des personnages mal brossés qui en sont inintéressants.
Et puis là, quelque chose de supplémentaire m'a fait tiquer. J'ai lu la version originale américaine. Et à la fin du roman, se trouve un petit dossier spécial "club de lecture". En premier lieu des questions, du style : "Trouvez-vous qu'Amy a eu raison ? Comprenez-vous Nick ?". Et après, une interview de Gillian Flynn sur le roman. En lisant les réponses de Gillian Flynn, j'ai pensé : "Elle n'a rien compris à son roman ou quoi ?" Ses réponses sont aussi superficielles que l'est son roman.
Gillian Flynn, par exemple, apprécie que Nick fasse des efforts pour être bon. Mais ils sont où ses efforts ? Si elle veut parler du fait que Nick se rabiboche avec Amy à la fin, et qu'ils fassent même un enfant, j'ai surtout eu l'impression que Nick était un loser sans courage ni volonté. Enfin Amy a quand même failli l'envoyer en tôle, et a tué Desi de surcroît ! Et Gillian Flynn pense que c'est "bon" de remettre le couvert avec une bonne femme pareille !
Autre question à Gillian Flynn :
"La plupart des choses bonnes et belles sont faites par des femmes que les gens méprisent. (sic). Etes-vous d'accord avec ce personnage ?"
Gillian Flynn répond -tenez-vous bien- : "Je pense que les femmes finissent avec la part du lion du genre de travail que nous voulons faits mais dont on ne veut pas nous-mêmes. Les femmes font du scrapbooking et gardent les photos de famille, les femmes organisent des événements de bienfaisance et les réceptions, les femmes organisent majoritairement les vacances, achètent les assiettes en carton et planifient les surprises-parties. Toutes ces jolies choses, qui prennent beaucoup de travail et d'énergie - c'est facile à mépriser, mais cela rend la vie spéciale."
Non mais quelle mouche a piqué Gillian Flynn de parler de scrapbooking et d'assiettes en carton ? Cela n'a aucun rapport avec le roman. Amy apparait très peu comme une femme au foyer travailleuse que son mari envoie paître. D'ailleurs, si Amy reste au foyer, c'est parce qu'elle ne s'intéresse pas au bar, qui est pourtant sa propriété.
En résumé
Cette réponse de Gillian Flynn est le symbole de ce roman. Une vraie "lecture de plage" vide intellectuellement, une défense idiote des femmes avec un mépris sous-entendu pour les hommes. On comprend pourquoi ce roman a gagné le prix Elle du roman policier, et pas un autre prix du roman policier. C'est mon avis, et pourtant je suis une femme.
Je vous recommande plutôt de regarder un Faites Entrer l'Accusé si vous voulez en apprendre plus sur les manipulations dans un couple. Le rapport qualité / temps passé est beaucoup plus favorable.
Remarque sur ma note
J'ai mis 2/10 non au seulement vu des qualités générales du roman, mais également au vu du commentaire de Gillian Flynn à la fin de l'édition américaine, qui à mon avis, n'a pas réfléchi sérieusement à son livre.