Les armes de la lumière est le dernier roman en date né de la plume de Ken Follett. L’écrivain gallois, reconnu pour la qualité de ses romans d’espionnages, ses thrillers et ses fresques historiques, propose un nouvel épisode de la grande aventure Kingsbridge née lors de la parution il y a plus de trente ans de Les Piliers de la Terre.
À l’image des autres chapitres de cette saga, l’auteur décrit le destin d’une galerie de personnages de conditions sociales, de statuts et de personnalités diverses sur plusieurs décennies. L’intrigue débute à Kingsbridge, cité reconnue pour son commerce de tissus. Les événements se déroule au dix-huitième siècle dans une Angleterre conservatrice inquiète de voir le pouvoir de Napoléon croître de l’autre côté de la Manche.
C’était un vrai plaisir d’arpenter à nouveau les rues de Kingsbridge. La cité est florissante et c’est avec nostalgie que je repense aux différentes étapes de son expansion contées dans les autres opus. On y retrouve tous les pans de la société. L’évêché, les ateliers de tisserands, les quartiers modestes et ouvriers, le château… Chacun de ses lieux abrite son lot de protagonistes. La capacité de Ken Follett à faire exister les lieux est un atout indéniable qui facilite la plongée sensorielle dans l’univers de l’histoire.
L’intrigue s’inscrit au dix-huitième siècle. C’est évidemment un plaisir de découvrir une nouvelle époque à travers la plume de Ken Follet s’appuyant sur un travail documentaire certain. Le lecteur est ici immergé dans l’univers des tisserands qui sont en train de vivre une période de transition industrielle avec l’apparition des machines. Parallèlement, un combat social est mené pour autoriser la naissance des syndicats. Enfin, la guerre contre Napoléon est d’abord vécue de loin pour se terminer sur les champs de bataille. Les pans historiques évoqués sont donc nombreux et tous aussi intéressants les uns que les autres. Une nouvelle fois l’écrivain tombe juste dans ses choix scénaristiques.
Le grand nombre de protagonistes proposent une vision complète et diversifiée de la population locale. Suite à l’accident mortel de son mari, Sal se retrouve jeune mère veuve en quête de travail. Elle est incontestablement le pilier de l’intrigue. Amos est drapier. Il a hérité du négoce de son père dans des conditions compliquées. Mais sa situation ne le fera jamais renier sa volonté de protéger ses employés. Hornbeam est incontestablement le grand méchant de l’histoire. Riche propriétaire et juge, il est dépourvu de tout empathie et tous les moyens sont bons pour augmenter son pouvoir. Elsie, fille de l’évêque, se bat au quotidien pour faire vivre une école qui accueille gratuitement les enfants de la communauté. La liste est longue et je me garderai de vous gâcher la découverte de la plupart d’entre eux. Chaque personnage apporte son écot à son échelle à la trame générale. Chaque lecteur s’attachera plus à l’un ou à l’une qu’à l’autre mais aucun ne laissera indifférent. On a peur pour certains, on s’agace d’autres… La colère, la douleur, la joie, l’admiration… Le spectre des émotions déclenché par ce petit monde est large et riche…
La principale difficulté de ce type de narration est de faire exister tout le monde. Ken Follet fait preuve de maestria dans le domaine. Chaque chapitre est centré sur un petit groupe de protagonistes tout en liant leurs destins et leurs décisions au reste de la communauté. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Chaque moment d’accalmie est éphémère. Cela fait que le questionnement permanent qui m’a habité à chaque page quant au devenir des héros et des héroïnes sublime l’intensité de la lecture.
Pour conclure, Les armes de la lumière s’inscrit clairement dans la lignée des autres épisodes de la saga en termes d’esprit, de richesse scénaristique et de qualité. Je tiens à préciser qu’on peut se plonger dans cet ouvrage sans n’avoir aucune connaissance de Kingsbridge préalable. Par contre, nul doute qu’une fois ce roman terminé, l’envie vous viendra naturellement d’en apprendre davantage sur cette grande et belle saga…