Lutte perpetuelle d'un enfant maudit sur le territoire d'une époque sombre aux mentalités étriquées
De la bonne littérature anglaise comme on les aime. Quelques difficultés à entrer dans l'histoire tout au début, le temps de se familiariser à nouveau avec le vocabulaire des années 1800, très présent tout de même mais heureusement les nombreuses petites notes concernant des mots oubliés de notre chère langue française (qui se perd malheureusement) se situent à la fin du bouquin. Avec Oliver Twist, on renoue petit à petit avec certaines expressions inconnues ou oubliées qui ne sont pas sans déplaire et se révèlent très intéressantes! Concernant l'histoire, pas de grande surprise, Oliver devient orphelin le jour où sa mère lui donne naissance et s'en suit alors une vie d'accablement et de chagrins en tous genre. On sent la détresse de ce môme entre chaque page du bouquin pourtant écrit d'une façon particulière, extrêmement peu commune. Charles Dickens donne son avis, restant rarement neutre et nous pond un véritable enfer de cette société anglaise de l'époque où les indigents n'ont pas leur place... Il n'y a point grand monde pour faire l'apologie de ces pauvres gens , Dickens l'a fait mais d'une façon particulière. Constamment dans la satyre, l'ironie, il nous pousse dans nos retranchements en décrivant ces "nobles" ou ces classes moyennes qui se sentent à l'abri de tout et surtout de la tendresse. En lisant Oliver Twist, j'ai parfois même trouvé cela un peu exagéré, voir énervant, cette façon qu'ont les personnages de se foutre de cet enfant sans racines, dénutri et pourtant si "sage". Justement, tout est contre Oliver Twist et Dickens parvient à son but : on s'exhorte, on s'énerve au fil des pages, maudissant ces adultes mauvais qui ne semblent rien comprendre à la détresse de ce gamin. Et justement, l'on se rend compte des idées arriérées qui étaient celles de l'époque et des méthodes utilisées par des hauts dignitaires qui pensaient que les indigents ne valaient absolument rien, qu'ils soient âgés ou enfant. Pour eux, ils ne méritaient simplement pas de vivre et une ration de pain et d'eau était bien trop bon pour eux.. Les horribles personnages de cette histoire se déculpabilisent en se disant qu'ils font le bien, frappant les enfants de l'orphelinat , gardant l'argent reçu pour leur propre compte plutôt que de les nourrir correctement. Pour eux, point d'horreur dans ces actes, ils étaient déjà si bons de les tolérer vivants ! Je n'en dis pas plus à ce sujet car il y a vraiment matière à s'énerver et même à philosopher sur leurs idées reçues, leurs drôles de manières et leurs consciences dérangées. Partir prier à l'église, ne pas rater la messe mais faire exactement le contraire de ce qui devrait être fait en bonne âme et conscience, encore ces fameuses contradictions qui supposent une mentalité de l'époque bien pauvre, particulièrement chez la classe moyenne! Oliver va errer de chagrins en courtes réjouissances et l'on a vraiment envie que ce gosse soit bien, une fois dans sa vie. Quelques nobles âmes vont croiser sa route mais la vermine prendra constamment le dessus chez cet enfant maudit, si frêle et pourtant fort de ses convictions. Ce livre est Une réussite et une bonne surprise mais il faut tout de même avoir envie de visiter les tréfonds de l'âme humaine et de se plonger dans cette ambiance londonienne plutôt glauque que Dickens décrit admirablement.