Les Aventuriers de la mer - L'intégrale, tome 1 par Hunkydorus

Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas avalé un pavé d'autant de pages en si peu de temps ! Ce qui me reste le plus en refermant ce 1er tome des aventuriers de la mer, est une sensation de parfait équilibre constant tout au long du livre. Le rythme tout d'abord : si le début peut paraître un peu long (on subit les crises de colère de Kyle pendant un bon paquet de pages tout de même), le récit prend par la suite son envol, et tient en haleine sans jamais trop en faire. J'ai pu regretter à certains moments, le manque d'évènements réellement marquants, mais je ne me suis quasiment jamais ennuyé.

De fait, le récit sait alterner les personnages de manière à la fois équilibrée (on les suit chacun à tour de rôle, et aucun n'est vraiment laissé sur le bas-côté) et rapide (on attend jamais 200 pages avant de retrouver un des héros de l'histoire). La multiplicité des points de vues enrichit vraiment le récit : Althéa qui paraîtra de prime abord comme courageuse, et affirmé au lecteur, sera nettement moins considérée par d'autres personnages qui la trouvent égoïste. Robin Hobb a su trouver le bon nombre de personnages pour créer un récit choral assez consistant, mais qui ne perd jamais le lecteur. L'équilibre entre héros masculins et féminins est également assez rare pour être noté. Le vocabulaire est lui aussi remarquablement équilibré. Très fourni en termes maritimes, on apprend beaucoup de mots (gréement, gaillard...) mais on ne se sent à aucun moment submergé par ces termes techniques. Le lecture est fluide, claire, les personnages sont tous profonds et bien caractérisés, on les cerne très vite. Certains sont évidemment plus réussis que d'autres : Hiémain en premier lieu, qui est sûrement le personnage qui évolue de la façon la plus intéressante durant ce premier tome, avec en parallèle celui de Vivacia qui est lui aussi passionnant, sorte de nouveau-né adulte qui a déjà beaucoup vécu, mais qui découvre ses émotions, et son identité. Le principe des Vivenefs est d'ailleurs l'idée la plus originale et la plus intéressante du livre. D'autres sont un peu plus légers et moins intéressants, comme Malta et Kyle qui sont peut-être un peu trop uniformes. Et d'autres encore auraient mérité d'être un peu plus creusés, le personnage de Keffria me semble par exemple passionnant, mère & fille en manque de reconnaissance, prise entre les actes affirmés de son mari, sa mère et sa fille.

Je n'ai pu évidemment m'empêcher de rapprocher l'univers du livre à celui de game of thrones (n'y connaissant pas grand chose en fantasy) : la famille Vestrit/Stark, la menace fantastique des serpents qui rappelle celle des marcheurs blancs... Toutefois, Robin Hobb a la subtilité de créer des aventures dures pour ses personnages sans jamais abuser de la violence, de sexe à outrance etc...

Pendant les quelques semaines, où j'ai lu ce livre, je pensais à cet univers à quelques moments dans la journée, avec l'envie de découvrir la suite de l'évolution des personnages. Hâte désormais, d'attaquer le deuxième tome en espérant retrouver une histoire aussi bien rythmée, avec le bon ratio de personnages, et la pointe de fantastique qu'il faut.