Étudiant l'imaginaire dans la veine d'Alain Corbin, Dominique Kalifa démontre que les bas fonds sont avant tout une représentation. Par une étude des sources (littéraires, journalistiques, mais aussi policières) il montre que la figure du bas fond, du slum, de l'underworld, est associé dans un premier temps aux vices des plus pauvres ("la traite des Blanches" par exemple). La figure du pauvre menaçant la société bourgeoise se développe notamment avec la Commune.
Ceux qui peuplent les bas fonds sont présentés comme soit des victimes de la pauvreté, soit comme des êtres vicieux, dangereux biologiquement (tout un discours biologique dont le représentant le plus célèbre est Lombroso sur la criminalité se développe à la fin du XIXème siècle).
La tradition de la figure du faux pauvre (pauvre qui serait paresseux, qui ne souhaiterait pas travailler), du faux mendiant, date du XIIIème siècle et se réactive périodiquement au moment des crises économiques, ou plus généralement des transformations de la structure de classe des sociétés européennes.
La philanthropie n'est pas exempte de ces représentations. Loin d'être innocente, elle est souvent associé au "tour des grands ducs" qui consiste en la visite des bas quartiers, dans le but de faire frissonner les élites.