Ayant lu une très bonne critique de « La Soeur » de Sandor Marai mais souhaitant en savoir un peu plus sur cet auteur, j'ai cherché quels autres livres il avait écrit. C'est ainsi que j'ai découvert « Les Braises » dont l'histoire m'a tout de suite plu. Ce hui-clos entre deux anciens amis arrivés au terme de leur vie m'a immédiatement attiré. J'ai donc quitté ma librairie préférée, non pas avec « La Soeur » mais avec « Les Braises » dont je vais vous dire ici quelques mots...
Le récit relate la rencontre de deux hommes qui furent jadis amis et qu'un événement, que l'on devine dramatique, sépara plus de quarante années plus tôt. Dans les premiers chapitres, nous découvrons la naissance de leur amitié avant de comprendre au cours du huis clos ce qui les éloigna l'un de l'autre et les amena à cette ultime conversation...ou confrontation.
J'ai beaucoup apprécié ce livre. Seuls les auteurs de grand talent peuvent réussir à accrocher autant de lecteur par un scénario construit autour d'un simple huis clos. Le récit de leur rencontre et de leurs années de jeunesse est admirablement bien écrit, mieux encore selon moi que les dialogues de leur confrontation dont l'accroche m'a parfois paru un peu « académique ». « Les Braises » se nourrit de réflexions sur l'amitié, la vie et la mort, l'orgueil et la lâcheté mais aussi sur la musique : « Puisque la musique est indéfinissable, elle doit être dangereuse. Il ne peut en être autrement, puisqu'elle touche, avec une violence incroyable, les personnes qui appartiennent à la même catégorie, non seulement en raison de leur ouïe musicale, mais aussi [...] de leur destinée. » Sandor Marai aborde aussi la différence entre ce qui est vécu et ce qui est perçu : « Vers la fin de notre existence, l'ensemble des faits accuse et hurle la vérité plus fort que le supplicié sur le banc de torture. Sans la moindre équivoque possible, un fait est un fait. Et pourtant les faits ne sont parfois que de pitoyables conséquences. » L'essentiel n'est pas de connaître les faits mais ce qui, dans le cœur de l'homme, les a générés. L'auteur évoque tout cela avec beaucoup de finesse et d'élégance.
Quant au scénario, il est assez simple mais tient le lecteur en haleine jusqu'à cette fin qui peut surprendre et laissera peut-être certains un peu sur leur faim. Il permet cependant à l'auteur d'aborder de très belle manière les nombreux thèmes mentionnés ci-dessus. N'est-ce pas là l'essentiel ?
En lisant ce livre, je n'ai pu m'empêcher de faire un lien avec une œuvre cinématographique de très grande qualité : « Le Souper », superbe huis clos d'Edouard Molinaro avec Claude Rich et Claude Brasseur. Si vous avez aimé ce film, vous aimerai certainement « Les Braises »...et la réciproque est vraie.
Tomtom
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