Les Buddenbrook
8.1
Les Buddenbrook

livre de Thomas Mann (1901)

grandeur et décadence de la bourgeoisie allemande

Les buddenbrook, c'est un peu comme les grandes sagas de l'été à la télé où l'on suivait l'histoire d'une famille à travers les générations: leurs joies, leurs victoires, leurs peines, leurs déconvenues, bref la vie. Ca me fait beaucoup penser à l'histoire des maitres de l'orge. Une fois qu'on a mis le doigt dedans, difficile de s'en défaire.

l'histoire est construite comme une succession de jeux de tableaux: on nous montre Tony sur les genoux de son grand-père, puis on prend du recul pour découvrir peu à peu la famille autour d'eux, faire un portrait de chacun. Tout le livre est comme ça: on passe d'un tableau à l'autre, on zoome, on dézoome, on furette dans les recoins de leurs vies, on découvre les tromperies, les fiéretés bafouées, les réussites qu'on veut étaler à la face du monde, l'orgueil d'une famille qui connait son rang.

Les passages d'un chapitre à l'autre se font naturellement, parfois avec des ellipses vite expliquées, parfois en restant sur une unité de temps pendant plusieurs chapitres, mais le tout d'une manière très fluide qui fait qu'on ne s'ennuie pas.

Et même si Tony reste celle que l'on suit le plus, ça n'empêche pas de voir toute une galerie de personnages, de visiter différents lieux, d'aménager différentes demeures, bref de vivre avec tout ce petit monde. Tony est assurément le personnage le plus représentatif de cet orgueil mal placé, cette conscience de son rang et ce refus de reconnaitre à d'autres des qualités, les avantages, et à chaque étape de sa vie cette fièreté inébranlable la poussera à se prendre des claques de plus en plus retentissantes, comme autant d'entame dans son capital bonheur.

Mann arrive à traiter avec beaucoup d'humanité ces gens vaniteux. Certains passages sont parfaits, comme par exemple celui de l'enfant qu'on force à réciter un poème alors qu'il a peur du public: la panique qui s'empare de lui est palpable, on jurerait que les pages du livre tremblent en même temps que lui.

La vie, les mœurs, les plaisanteries, les problèmes de langage, de religion, de statut, le livre foisonne de renseignements; de détails qu'on peine parfois à comprendre parce qu'a priori les différents niveaux de langages sont difficiles à retranscrire.

vraiment un livre très plaisant et très riche, qui parle de la chute d'une famille certes, mais qui en parle si bien, et par petites touches qui font qu'on n'a pas l'impression que tous les malheurs du monde s'abattent sur la famille, c'est juste une accumulation de malheurs mal digérés, de fiéreté mal placée, de mauvais choix, de réactions tardives, de volonté de tout conserver, bref on comprend que ces sentiments n'aient pas plu à une époque où on encourageait plutôt les allemands à faire précisément ce qui ici a causé la faillite de la famille.
iori
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lecture(s) 2012

Créée

le 3 janv. 2013

Critique lue 812 fois

4 j'aime

iori

Écrit par

Critique lue 812 fois

4

D'autres avis sur Les Buddenbrook

Les Buddenbrook
zardoz6704
10

Le chaînon manquant entre Balzac et Faulkner...

Je n'aime pas utiliser le mot de chef-d'oeuvre. Il y a de ces livres, qui inscrivent tout de suite un auteur parmi les grands écrivains, ceux qui ont su à la perfection saisir leur époque et lui...

le 30 août 2015

7 j'aime

5

Les Buddenbrook
iori
9

grandeur et décadence de la bourgeoisie allemande

Les buddenbrook, c'est un peu comme les grandes sagas de l'été à la télé où l'on suivait l'histoire d'une famille à travers les générations: leurs joies, leurs victoires, leurs peines, leurs...

Par

le 3 janv. 2013

4 j'aime

Les Buddenbrook
Chatov
8

Critique de Les Buddenbrook par Chatov

Un ouvrage assez long, qui pourrait paraître ennuyeux, vu qu’il raconte une histoire qui peut paraître banale : celle d’une dynastie de négociant à cheval sur les XIX et XXe siècles. Mais les...

le 28 sept. 2020

2 j'aime

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

29 j'aime

9

Sur mes lèvres
iori
9

Sourd mes lèvres

C’est fou comme ça fait du bien d’avoir un vrai film “vivant”. Emmanuelle Devos m’agace parfois, mais il faut bien reconnaitre qu’elle est convaincante dans le rôle de la secrétaire effacée et...

Par

le 1 mai 2013

26 j'aime