Un grand texte sur la psychologie humaine
C'est un récit un peu brouillon, retors, qui mêle parfois un peu trop de concepts ou d'idées, et qui devient par moments agaçants ; mais c'est également, du moins dans ses soixante premières pages, un texte fascinant, féroce, une étude inattendue des souterrains de la conscience occidentale : « Je reste fermement convaincu que non seulement une conscience accrue, mais que toute forme de conscience est une maladie », « j'ai un amour-propre effrayant », « un homme doué d'une conscience est-il capable de s'estimer un tant soit peu ? ». Il apparaît à la lecture comme un texte capital dans l'élaboration de la grande psychologie nietzschéenne, mais il vaut sans doute bien mieux qu'un tel document : dans la lignée des moralistes français, Dostoïevski explore avec un grand talent et une modernité saisissante les ressorts de l'amertume, de la haine de soi et du gouffre que représente la conscience lorsqu'on essaye de la saisir.