Pour la troisième fois, je me suis fait avoir. Pour la troisième fois, je me suis lancé dans la lecture d'un Nobelard en me disant que je mourrais moins bête après coup. Et pour la troisième fois... Eh bien, vous devinez la suite.


Cette fois-ci, l'élu est un auteur qui a sa place dans la Pléiade et que l'on cite comme une référence, j'ai nommé André Gide. J'aurais pu me lancer dans la lecteur des Faux-monnayeurs, qui reste (je crois) son roman le plus célèbre (et le seul selon ses dires, le reste n'étant que des essais ou des sorties, on y reviendra), mais les Caves du Vatican étaient plus près (et moins long aussi).


Alors, de quoi ça parle ? Eh bien même après ma lecture, je peux demandé encore. Pour essayer de résumer, "l'histoire" se concentre surtout sur quatre personnages, Anthime, Julius, Lafcadio et Amédée, qui à un moment vont être amenés à se croiser en Italie puisque, apparemment, le pape serait retenu prisonnier dans les caves du Vatican (d'où le titre). Le début du livre présente donc séparément ces quatre personnages. Je résume :

- Anthime est un athéiste convaincu qui, après avoir un peu ébréché une statuette de la Vierge Marie, voit cette dernière dans un rêve et décide de se convertir au catholicisme pour expier son péché. Je pensais que les athées (surtout les convaincus) étaient un peu plus solides sur leurs appuis, mais passons

- Julius est un écrivain qui vient d'envoyer son dernier livre à l'Académie française pour en faire partie, livre qui dresse la biographie de son père et dont ce dernier s'en fout comme de l'an 40

- Lafcadio est un jeune homme avec quelques petits pètes au casque qui apprend qu'il est le demi-frère de Julius

- Amédée est... Je ne sais pas


Ou si vous voulez, plus simple :

- Anthime est un versatile sans âme

- Julius est un insupportable arrogant qui est persuadé que son bouquin est le meilleur au monde et fait chier sa femme avec

- Lafcadio est un sale petit connard

- Amédée est une tranche de foie (comprendre : mou et passif)

C'est donc ces quatre personnages que l'on va suivre. Ça donne très très envie de suivre leurs aventures pendant 250 pages, dis donc !


Mais c'est pas grave ! Si les personnages ne sont pas terribles, l'histoire rattrapera tout ça ! Hein ? N'est-ce pas ?

Eh bien, je suppose que oui, si seulement il y en avait une.


Pour rappel, l'élément clé du livre, c'est le pape qui est retenu prisonnier. Qui est donc censé être l'élément perturbateur de l'intrigue, puisque les personnages vont tenter de savoir si c'est réellement le cas au cours d'un voyage à Rome (ce n'est d'ailleurs pas le cas, on l'apprend une vingtaine de pages seulement après qu'on ait su qu'il avait peut-être disparu). Cet élément perturbateur, qui normalement devrait arriver au début de l'histoire puisque c'est lui qui doit la lancer, c'est son but, arrive à la page 130 (sur 250). À plus de la moitié du livre, donc.

Mais alors, qu'est-ce qu'on a avant ? Eh bien de l'exposition. Une petite biographie des quatre personnages précédemment cités. Biographie qui, d'ailleurs, ne sert absolument à rien dans l'intrigue. On a donc lu plus de la moitié d'un bouquin pour rien. Et si en plus les personnages sont aussi détestables les uns que les autres, c'est d'autant plus frustrant.


Quant à la suite, c'est un enchaînement sans queue ni têtes de scènes qui ont tout bonnement refusé de se graver dans mon esprit tellement il n'y avait rien à en retenir. Dans ce livre, rien n'a de sens, et comme rien n'est rattaché à un fil rouge directeur, rien ne parvient à se présenter comme quelque chose de mémorable (puisqu'on apprend très vite que le pape va très bien, que son histoire d'enlèvement c'est juste un canular inventé par un groupe de cons qui veulent extorquer de l'argent à des crédules). Enlèvement du pape qui est rapidement évincé par le personnage de Lafcadio qui, sans aucune raison (mais vraiment sans aucune raison, c'est écrit noir sur blanc dans le livre) tue Amédée parce qu'il était en quête d'aventures. Meurtre qu'il vivra très bien, puisque même après avoir révélé à Julius que c'est lui le meurtrier de son beau-frère (parce qu'Amédée et Julius sont beau-frères), ledit Julius ne cherchera pas à le dénoncer. Et accessoirement, la fille de Julius (qui est donc la nièce de Lafcadio puisque celui-ci est le demi-frère de Julius) essayera de faire s'enfuir son oncle (Lafcadio donc) parce qu'elle aimerait bien se le taper (et réciproquement).


Donc les Caves du Vatican, c'est quoi ?


C'est du remplissage. C'est 250 longues pages de Gide qui ne sait absolument pas quoi dire et écrit ce qui lui passe par la tête en se disant que ça va passer parce que merde quoi, je suis parisien, je vais sortir des tournures un peu pompeuses ça va épater les copains. C'est 250 pages pendant lesquelles on ne sait pas ce qui se passe ni pourquoi ça se passe. Et tout ça pour quoi ? Quelle va être la morale finale ? Aucune, il n'y en a pas. Ça pourrait être "attention à ce que les autres vous racontent" vu que le soi-disant enlèvement du pape est """censé""" être le point central, mais non, Gide n'insiste pas du tout là dessus. Ou alors, c'est une apologie du meurtre et, franchement, pour un gars qui a eu le prix Nobel, qui est édité dans la Pléiade et qui apparemment aurait refusé un fauteuil d'académicien, c'est quand même un peu moyen.

J'ai d'ailleurs entendu dire que ce livre était volontairement décousu et pensé pour être incompréhensible, mais au risque de me répéter, avec cette excuse, tu transformes Sharknado en un chef-d'œuvre cinématographique incontestable qui mérite une dizaine d'oscars. Par ailleurs, cette excuse ne peut être valable que si elle s'applique à absolument toutes les œuvres culturelles existantes (et vu les notes que se tape Sharknado, y'a peu de chances que ça arrive un jour).


C'est donc ça qu'on cite comme une des multiples références qui jalonnent les sentiers glorieux de la culture française. C'est donc ça qu'on donne à lire à nos enfants à l'école en leur disant que c'est un coup de maître. Et puisque les études de littérature te poussent à écrire (que ce soit de la fiction ou non), voilà donc quelle doit être une de tes sources d'inspiration si tu veux "faire partie des Grands." On t'encourage donc à écrire des textes sans aucun sens, juste parce que c'est lolilol et terriblement profond à la fois.


Mais désolé Gide, tu n'es pas ma référence. Quand on ne sait pas écrire une vraie histoire avec un vrai début, un vrai milieu et une vraie fin avec des personnages cohérents, ni décrire des actions (combien de fois ai-je dû relire et re-relire un passage parce que la narration était terriblement peu claire ?), ça risque pas.

Random_23
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le 10 oct. 2024

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