Jusqu’à présent, la saga « The Expanse » constituait un presque sans-faute pour moi. Une histoire de science-fiction repoussant les limites de l’ambition, où le mélange de plusieurs genres (space-opéra, polar, récit militaire) fonctionnait à merveille. Et chaque fois que l’on se pense familier avec la série, de nouvelles perspectives se relançaient grâce à des twists bien amenés.
Cette sixième itération marque à la fois une rupture et une transition. En terme de narration, si je force un brin la comparaison, un choix similaire au « Trône de Fer » a été fait, c’est-à-dire multiplier le nombre de points de vue. Depuis le tome 2, il y en avait à chaque fois quatre, avec James Holden comme point central. Ici, il y en a bien davantage : Holden, Naomi, Amos, Alex, Avasarala, Bobbie, Filip, Prax, Pa, Marco, et j’ai dû encore en oublier. Tous des personnages ayant leur importance dans cette histoire (surtout Michio Pa qui installait une forme de « gris » entre les deux camps en confrontation), bien entendu, mais dont l’impact diminue en conséquence. Qu’on se l’entende : j’adore les histoires avec des multiples points de vue, sauf qu’ici je m’en suis retrouvé moins immergé.
Cette sensation provient certainement du fait que ce tome apparaît comme une transition. Il conclut la nouvelle intrigue générale lancée dans le livre précédent et traite des conséquences d’événement antérieurs, hélas le rythme en pâtit. J’ai trouvé qu’il manquait de la substance à ce livre, ce petit « quelque chose » qui hisse The Expanse parmi les excellentes histoires de science-fiction. Il y a tant à explorer mais cet aspect se retrouve ralenti par la nécessité d’achever le récit commencé, et l’opposition n’apparaît qu’au travers de quelques scènes d’action spatiale, quoiqu’intenses. Un événement vient bien tout chambouler mais en dépit de son importance, il ne vaut pas celui du tome 5.
Il en résulte une suite certes correcte et efficace, mais qui sonne juste comme une transition nécessaire entre deux grands pans de la saga. Malheureusement, ce sixième tome est celui que j’aurais le moins aimé… Car il en faut toujours un, je suppose ?