À 10 ans, Ludo tombe éperdument amoureux de Lila, une jeune polonaise aristocrate venue en famille en vacances dans la région. Cette région, c’est la Normandie et son petit village Cléry où vivent Ludo et son oncle Ambroise Fleury, facteur mais surtout fabriquant de magnifiques cerfs-volants. Cet amour devra faire face à de nombreux obstacles dont la différence de classe sociale et surtout la guerre. Lorsque cette dernière éclate, Ludo n’aura plus qu’une obsession, celle de retrouver sa bien-aimée.
Loin d’un simple roman à l’eau de rose, Les Cerfs-volants est un pur délice littéraire. Sous la plume de Romain Gary, ce récit d’une grande finesse en devient poétique. Romain Gary est un maître des mots avec lesquels il jongle pour faire briller l’audace et la volonté de son héros Ludo. La force du récite réside aussi dans une galerie de personnages haute en couleur à laquelle le lecteur ne peut que s’attacher.
En toile de fond de cette histoire d’amour, le basculement de l’Europe dans le déchirement de la Seconde Guerre mondiale. Pointant du doigt, en autres, les résistants de la dernière heure, l’auteur, à travers Ludo, nuance la vision manichéenne dans laquelle il est facile de tomber en narrant cette triste époque. Ici, les nazis sont décrits comme humain à travers leur inhumanité. Romain Gary met à nu la part de monstruosité qui nous habite et défend les valeurs humaines.
Ce qui est triste, c’est que ce roman, incarnation de l’espoir et de la vie envers et contre tout (et tous) sera le dernier de l’écrivain. Romain Gary se suicida peu de temps après sa parution. A l’image de son pacifiste personnage Ambroise Fleury et ses cerfs-volants flottants dans le firmament, l’écrivain appelle chacun de nous à la tolérance, à la défense des valeurs morales ainsi qu'au refus de céder à la médiocrité. De porter un certain idéalisme en somme, même si l’utopisme est malheureusement toujours perçu comme un aveu de faiblesse.
Un livre apaisant que je vous recommande fortement.