On connaît la longue histoire d’amour entre le thème de la guerre et les lauréats du Prix Goncourt, mais malgré un titre rappelant la Grande Guerre, il n’y est pas question ici de la vie de soldats empêtrés dans leurs tranchées maudissant l’absurdité de leur condition, mais plutôt… de la vie de personnes récemment décédées de l’entourage du narrateur. Tour à tour sont explorées, reliées par les souvenirs du narrateur, les existences du grand-père, de la grand-tante et du père. Le récit ne suit pas une chronologie nette, car il est souvent question de raconter le décès du personnage, avant d’opérer un retour en arrière ; de plus, le livre raconte de manière inversement chronologique du décès l’histoire de chacun des défunts (le père est le premier à mourir d’un point de vue temporel, mais n’occupe que la troisième partie du livre).
Si rapport il y a entre la biographie posthume de ces personnages à la célébrité toute relative (ne dépassant pas le cadre de leur village) et première guerre mondiale, on ne le trouve que vers la fin, dans une expédition hivernale pour exhumer et ramener parmi les siens la dépouille d’un poilu de la famille. Il s’agit ici davantage de faire converger histoire et Histoire, c’est-à-dire l’histoire d’êtres méconnus mais attachants et l’Histoire des manuels.
Un livre bien écrit, dont l’intérêt réside dans ses personnages touchants, mais sans réel enjeu.