Les Champs d'honneur par poko
Les Champs d'honneurs, c'est le récit des vies des morts qui semblent croupir autour du narrateur, un narrateur perdu entre ses lignes, dont on sait à peine qu'il est celui qui, à quelques mois d'intervalle, à perdu son père, la tante de celui-ci et son grand-père maternel.
Dans le ton, on perçoit l'impact de ces morts ; celle du grand-père naturelle, acceptable, succède aux décès de père et de la grand-tante, trop inattendues, trop proches, trop agoniques, et on comprend dans le contraste entre les anecdotes amusantes, qui sont parfois comme un ricanement posthume, et les descriptions sombres des derniers temps que seule la disparition de l'ancêtre peut être, d'une certaine façon, surmontée. Et puis il y a les autres morts, les anciens, que la mémoire fraîchement retournée agite.
L'ensemble donne une fresque familiale agréablement écrite, diversifiée, intéressante, dans laquelle on déambule assez librement, en arabesque ; mais, même si le livre est surtout connu pour ce contenu, les histoires de ses morts, une partie de son intérêt réside dans la façon de voir du narrateur (qui, au-delà de sa subjectivité, n'a pas de place de le roman) qui écrit comme on vit, zoome et balaye les scènes du regard en donnant à certains détails que lui-seul, sans doute, voit valeur empirique. Ca donne certaines des descriptions les plus douces et certaines des scènes les plus glauques que j'aie jamais lues - et le contraste, étonnament, passe bien.
Les Champs d'honneur arrive donc, à la fois parce qu'il partage et la manière dont il le fait, à soutenir l'intérêt tout au long de la lecture. Il fait partie de ces livres que, si on en a le temps, on aime lire d'une traite.