Dernier roman de la trilogie "les enfants de la Terre" de Jean M. Auel, romancière américaine. Le sujet de ces trois romans peut se résumer en quelques mots car il s'agit de mettre en scène vers -35000 BC les deux peuples d'hominidés que sont les hommes de Néandertal et les hommes de Cro-Magnon présents à cette époque sur Terre et d'en imaginer les interactions possibles.
Bien que Auel se soit particulièrement documentée à partir de l'état des recherches sur tous les sujets relatifs à la paléontologie dans les années 1980, son œuvre est d'abord une vision de ce que la vie pouvait être. Il ne faut donc par chercher une vérité absolue car il n'y en aura jamais. Il faut se contenter d'une vérité probable. Et c'est tout l'art de Jean Auel d'imaginer, à partir des connaissances acquises auprès de nombreux experts en paléontologie mais aussi en climatologie, des processus possibles ou probables.
Le premier tome (Le clan de l'ours des cavernes) relatait la vie d'une petite fille, Ayla, du type "Cro-Magnon" recueillie chez des Néandertaliens et qui en sera chassée. L'action se situe plutôt dans le sud de l'actuelle Ukraine.
Le deuxième tome racontait
- la vie que Ayla, complètement seule, se construit peu à peu dans une vallée où elle sera amenée à "pactiser" avec des animaux, des chevaux et un lion. Ses réflexes et son mode de vie restent néandertaliens.
- Le voyage d'initiation que Jondalar, un jeune homme de type Cro-Magnon venu de la région ouest européenne (Les Eyzies).
- La rencontre d'Ayla et de Jondalar dans la vallée qui oppose les mœurs Cro-Magnon à ceux de Néandertal.
Si, en quelque sorte, les deux premiers romans sont des livres d'initiation à la vie, le troisième tome lui concrétise. En effet, Ayla et Jondalar rencontrent des hommes et des femmes du type Cro-Magnon, les "autres" dans le langage néandertalien, les "chasseurs de Mammouth" qui vivent dans le "camp du Lion" approximativement au Nord de l'Ukraine à proximité de la calotte glaciaire qui recouvre le Nord de l'Europe. Le sujet concerne donc l'assimilation d'Ayla et de Jondalar dans cette société, la confrontation entre une communauté Cro-Magnon et l'expérience néandertalienne d'Ayla.
Comme dans les deux premiers romans, ce qui frappe c'est la volonté d'Auel de montrer les difficultés d'adaptation et de compréhension mutuelle entre hommes de Néandertal et homme de Cro-Magnon. Clairement, la branche de Néandertal est en déclin pour de multiples raisons tandis que celle de Cro-Magnon, plus récente, est en essor. Auel n'apporte, bien sûr, aucune clé sur les raisons de cet état de fait qui semble admis au niveau des experts ; concrètement, elle imagine certains contacts entre les deux groupes concrétisés par une descendance métissée possible puisque chez tout homme aujourd'hui, il y a un taux faible mais non nul d'ADN provenant des hommes de Néandertal. Et non, comme j'ai pu lire par ailleurs de la branche commune entre Néandertal et Cro-Magnon.
Comme je l'ai déjà dit à l'occasion des deux premiers tomes, les aventures des héros du roman sont des prétextes à décrire diverses problématiques comme la condition de la femme, le statut de la femme, la tolérance entre gens fondamentalement différents. Pour ne citer qu'un exemple, la valeur d'une femme (la dot !) ne se traduirait pas seulement par une valeur mercantile (des objets) mais plutôt par la capacité de donner naissance à une descendance. Autrement dit, en langage actuel cru, il vaut largement mieux s'unir avec une femme qui a déjà eu des enfants qu'avec une vierge (même très belle) dont on ne connait pas les aptitudes …
Les nombreuses découvertes effectuées par les uns et les autres, la domestication d'animaux sauvages, sont des évènements qui se sont espacés dans la réalité sur des milliers d'années. Il est certainement impensable et très improbable que cela se soit produit sur un laps de temps de quelques années. Mais ces évènements sont amenés si minutieusement par Auel qu'on prend sans problème. Il y a dans cette accumulation d'évènements, à la fois un intérêt technique qui nous ramène à notre curiosité d'aujourd'hui et bien sûr, un travers du roman à vouloir trop démontrer.
Autre chose qui caractérise ces romans, c'est le profond humanisme qui baigne la lecture. On se sent bien parmi ces gens pacifistes et industrieux, respectueux des traditions et d'un certain ordre social.
Le troisième tome décrit par le menu la romance entre Ayla et deux hommes dont Jondalar qui ne trouvera son aboutissement qu'à la fin du roman. J'aime bien la façon, finalement initiatique, d'Auel d'aborder et de décrire les relations pas toujours faciles de ce triangle amoureux et de ces amours en devenir. Et puis, soyons clairs, on grille d'envie que cela se termine bien pour ce personnage si exceptionnel qu'est Ayla. Et Auel sait nous distiller, un insupportable (mais délicieux) suspense pendant tout le roman.
J'aime énormément ces trois romans même si Auel ne cesse de se répéter, de répéter les aventures des uns et des autres. Justement, voilà quelque chose de bien normal car, en l'absence de toute écriture à cette époque préhistorique, ce sont la répétition, l'information orale, qui sont les seuls moyens de transmission de l'information !!!
Liens de navigation entre mes trois chroniques
Le Clan de l'Ours des cavernes
La Vallée des chevaux