« je ne voudrais pas, nous, qu'on se perde et qu'on se morcelle
il suffit de bien regarder où nous mènent les chemins qu’on prend il suffit de rester clairvoyants
mais il y a tellement de tristesse à nos trousses tellement de gens qui se séparent tellement de gens dont les chemins s'écartent comme les jambes d'un cheval mort
il y a tellement de chevals morts entre les gens et entre les chemins qu'ils prennent »
Comme ma pile à lire déborde j’ai fait le choix de la raison et, plutôt que de me jeter tout de suite sur le nouveau roman d’Antoine Mouton (qui ne perd cependant rien pour attendre), j’ai craqué pour la réédition de ce petit texte à la Contre-Allée.
40 pages d’un texte qui pataclope, qui fait la course contre tous ces chevals morts qui nous séparent en cravachant amoureusement la langue, qui célèbre la chaleur douce de l’être aimé et qui s’élève contre la tentation de « penser en trous ». C’est une étreinte, un talisman et un superbe message d’amour, c’est à la fois inquiet, morbide, libre et drôle, comme tous les romans et les poèmes d’Antoine Mouton qui, décidément, est un auteur des plus précieux.