Impossible de prendre l’histoire en cours par ce troisième et dernier tome, vous n’y comprendriez rien. Ma lecture du tome 1 date de septembre 2017, et celle du tome 2 du mois d’avril dernier seulement, et pourtant j’ai éprouvé une certaine difficulté à entrer dans ce tome final. On ne sait pas trop « qui » raconte et on se perd un peu dans les aller et retours temporaux. Mais on comprend très bien ce qui est établi dès les premières pages : Essun se consacre à éradiquer les saisons et sa fille, Nassun, entend mettre un terme à la vie sur Terre. Essun ne songe qu’à sauver sa fille, qui désire, elle, mourir. Ce qu’elles comprennent de la situation est parcellaire et la vue d’ensemble a un prix très élevé…
J.K. Nemisin entame ses remerciements par un : « Pfiou. Ç’a été laborieux, hein ? », puis elle explique ce qu’elle veut dire par là et notre coeur se serre. Il faut dire qu’on termine la trilogie, nous, en étant profondément bouleversés, et ce d’autant plus qu’on ne l’a pas vu venir. On se débat un petit peu comme je le disais pendant le premier tiers du tome, avant de laisser de côté ce qui nous semble peu clair tant les personnages savent tous nous captiver (un peu comme avec « La Tour Sombre » de Stephen King, d’ailleurs). Une mère cherchant sa fille dans un monde invivable, une planète qui n’entend pas se laisser achever par des humains somme toutes très dispensables, des phénomènes scientifiques et magiques intimement liés, une histoire intense et dense et peu simple à appréhender dans ses détails, et puis ce sentiment qui explose quand on comprend (apprend, plutôt) QUI parlait depuis le début, la manière dont tout repasse dans notre esprit, les toutes petites choses, la tragédie qui cavalait à grand galop… tout ça nous emporte, nous dépasse un peu, on se dit mais ?! c’est ça, en fait, c’était ça depuis la nuit des temps et ce sera encore ça après et c’est ça aussi maintenant, là, tout de suite. Il s’agit d’amour.
Une trilogie absolument passionnante, qui a raflé de nombreux prix parmi les plus prestigieux, qui impose son univers très spécifique et marque durablement l’imaginaire.