C'est hollywoodien, disons dans le bon sens du terme. Efficace, simple, sans chichis ni prise de tête excessive. Un scénario linéaire, de l'action. Et disons le tout net, pas de mal de tripaille et de sang également. Évidemment, c'est aussi profondément dystopique et le lecteur y trouvera les thèmes chers à Bacigalupi : crise climatique et montée des eaux (La fille automate), transhumanisme (encore La fille automate) et militarisation de la société étasunienne, avec des factions qui s'affrontent en vue de mettre la main sur des ressources devenues maigres (Water knife).

Ici, l'action est située dans un futur dont la date est indéterminée (mais l'humanité dispose-t-elle encore de calendriers ?) et dans les alentours de Washington, à moitié engloutie, dont le contrôle est disputé par l'Armée de Dieu, les Forces Unifiées Patriotiques et les Milices de la Liberté, pour ne citer que quelques unes des sympathiques organisations auxquelles auront affaire les protagoniste (on peut dire les héros, étant donné le caractère hollywoodien du bouquin). Dénominations qui entrent curieusement en résonance avec ce que l'on observe actuellement aux États-Unis. Le bouquin étant paru en 2012, faut-il voir en Bacigalupi un visionnaire ?

Et il y a également un peu de réflexion à se mettre sous la dent : comment se comporter dans un monde ultra-violent. Prôner et pratiquer l'humanisme ou rendre œil pour œil et dent pour dent ? Le bouquin n'apporte pas d'autre réponse, d'ailleurs, que la fuite. Enfin, je tiens à souligner que le personnage de Tool (créature hybride monstrueuse entre homme, chien, hyène et tigre) est particulièrement bien campé, entre férocité naturelle, fidélité à ses maitres et quelques traits humains malgré tout (aspiration à la liberté et parfois un brin de compassion). Mais dont la nature profonde est de faire la guerre, sachant que l'on peut se demander de quel ADN il tire cela.

Voilà : lecture rapide, rectiligne, plutôt plaisante. Écriture sans chichis. De quoi passer un bon moment, même si ça n'incite guère à l'optimisme.

Marcus31
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le 25 janv. 2025

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