Bizarrement sobre, étrangement enjoué, Jack. Ou devrais-je dire Ray? Alter ego bouddhiste de l'éternel vagabond, poète apaisé à la limite de l'épanouissement.
Manifeste sans prétention de l'errance salvatrice, œuvre mineure non dénuée de charme, les clochards célestes est un récit aussi bref que saisissant.
De bivouac désertique en fraude ferroviaire, la toile infinie de la solitude de Jack s'étend d'un bout à l'autre de l'Amérique perdue, un œil rivé sur l'orient, l'autre perdu dans les limbes contemplatifs de la nature souveraine.
La prose libre et déjantée de Kerouac se fait plus douce, sereine. Le poète, ivre de bouddhisme et de porto rouge, accepte enfin son existence terrienne, savoure les richesses illimitées des simples choses, témoin apaisé des petites merveilles qui sont tout.
À mille lieux d’obscurs prêches intéressés, Jack couche sur papier la rencontre fortuite d'une pensée millénaire et d'un siècle fou, glorifie inconsciemment et sans une once de bêtise la puissance de la réflexion et de l'âme humaine.

Si simple soit-il, ce petit morceau de littérature américaine ouvre quantité de portes. Telle est son inestimable valeur. Ses mots parleront à l'humain qui sommeille en chacun, enterré sous des siècles de civilisation. Ils lui rappelleront qu'il a voix au chapitre, qu'exister n'est pas qu'un terme galvaudé.

"J'ai le pouvoir de rappeler aux hommes qu'ils sont entièrement libres" écrivait Kerouac.
La suite appartient à chacun de nous.
-IgoR-
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le 17 nov. 2014

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-IgoR-

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