Saint Augustin fait parti des plus belles plumes de l'Histoire de la philosophie. Rhéteur de profession, les Confessions font parties de ces œuvres au style habile visant la conversion. On ne notera plus les techniques rhétoriques visant à amener le pécheur à devenir un fervent chrétien. On appreciera que le désir de conversion puisse progresser par étape, Augustin entend moins faire un changement décisif, qu'une véritable progression. Tous ont à y gagner. Le pécheur va devenir plus juste, le chrétien hésitant trouvera le bon chemin, le vrai chrétien verra sa foi confirmée.
Augustin est habile et son style est d'or, le lire est un véritable plaisir tant la beauté de la lettre se montre digne du génie du texte.
Car oui, trop souvent on croit que les Confessions est un ouvrage autobiographique. Mais derrière le but de convertir, et derrière celui d'offrir à l'Histoire un récit de sa conversion, Augustin souhaite surtout développer des arguments digne du philosophe qu'il est.
On se rappellera bien volontiers des trois derniers livres, successivement sur la mémoire – le temps – la création, qui entraînent la question de la nature profonde de l'homme.
Mais les neuf premiers livres de Confessions sont remplis de questions philosophique : la participation, le sensible et l'intellect, l'Un, la procession et la conversion, la vie saine, le respect politique, l'éducation. Par petites touches, Augustin brosse sa doctrine. Le lecteur peut attentif n'aura que des morceaux, mais il les aura quand même. Le lecteur sérieux, illuminé par l'Esprit de Dieu comme l'aurait probablement dit Augustin, verra le sens véritable et profond de chaque phrase.
Les Confessions est un ouvrage d'une densité rare. Densité qui n'a d'égal que sa profondeur. Chef d'oeuvre de la pensée, il faut reconnaître la force de la réflexion partout présente.
Je ne développerai pas toutes les thèses présentes. Augustin est bien plus doué que moi à ce petit jeu. De plus, nous sommes bien plus souvent dans des rappels, des confrontations, que dans de la simple énonciation. Ainsi, le néo-platonicien qui est en moi à pu passer un moment très présent avec une très grande présence de Plotin tout le long des Confessions.
Même les scènes de vie, les hésitations, les doutes avant les conversions sont très bien écrites et donnent une vie réelle, pleine aux personnages. On se prend à les connaître, les aimer, les juger.
Peu d'ouvrage peuvent, comme les Confessions, atteindre à cette authenticité de vie qui donne le sentiment de voir une galerie de peintures et, dans le même temps, offrir un tel aboutissement de la pensée humaine.