« Les Contes de Perrault », rien que cette formulation évoque tout un monde. Je les re-découvre seulement maintenant à l'écrit, dans leur version originale.
Un défaut à mon goût : je trouve que la tournure des phrases est parfois ennuyeuse, et ça rend la lecture moins passionnante et la transmission moins expressives qu'elles ne pourraient l'être.
Mais la langue sert surtout à transmettre des histoires, pleines de choix à faire, de peurs à affronter, et de débordements imaginaires qui font partie de notre culture commune (et que je retrouve avec plaisir) :
- des personnages dont le surnom a une origine (le Petit Chaperon Rouge ; le Petit Poucet ; Cendrillon),
- des éléments magiques (les bottes de sept lieues ; les citrouille/souris/rat/lézards qui se transforment en carrosse/chevaux/cocher/laquais ; trois souhaits à réaliser ; des fleurs/diamants ou des vipères qui sortent de la bouche en même temps que des paroles ; du sang tachant une clé et réapparaissant à l'infini),
- des êtres magiques (Ogre ; Marraine/Fée),
- des astuces (les cailloux semés par le Petit Poucet ; les essais de chaussure/bague à tous les habitants pour retrouver comme par hasard leur unique propriétaire possible),
- des formules orales célèbres ("tire la chevillette, et la bobinette cherra").
Comme chacun choisit son conte (la faute de notre inconscient, parait-il), il y a aussi forcément des déceptions, avec certaines histoires qui ne nous parlent pas du tout. À l'idée du nom "Grisélidis", je me suis imaginé un personnage entouré de magie, l'utilisation de sorts, la nature qui se personnifie,... Et en fait non, c'est l'histoire d'une personne qui se fait tester et malmener dans son couple pendant toute sa vie. La langue est trompeuse. Et même la morale de cette histoire loue avant tout la patience de la personne qui s'est fait malmener. C'est représentatif du rôle qui est le plus souvent donné aux femmes dans les Contes de Perrault, donc moi ça m'agace un peu, mais bon... c'était y'a 3 siècles, donc il y peut rien, ce Charles.
À l'inverse, j'ai adoré Les Souhaits ridicules, conte qui évoque des choix idiots faits, ou des non-choix, alors que toutes les possibilités s'offraient à nous.
Une possibilité qui s'offre à moi, en tant qu'enseignante, après lecture et relecture personnelle de ces contes, est de travailler sur la force de l'oral. Car c'est par ce moyen qu'ils prennent le plus leur saveur. Lus à haute voix dans leur version originale, voire mieux, racontés personnellement par le partage avec des tournures plus actuelles, naturelles et des détails croustillants... La vraie tradition des contes. Rendons-leur l'utilisation de notre seule voix, de l'oral pur et vivant, expressif, personnalisé !