Pierre Magnan est un romancier du département 04. Les Alpes de haute Provence ! autrefois les Basses Alpes dans lequel j'ai passé dix ans de ma vie à peu près au centre d'un quadrilatère dont les sommets sont Digne, Sisteron, Forcalquier et Manosque. Juste la zone où se passe l'action de la plupart sinon tous les romans de Pierre Magnan.
Pierre Magnan est surtout connu pour les romans mettant en scène un certain commissaire Laviolette et aussi pour le roman "la maison assassinée".
J'en suis à ma deuxième critique de cet auteur dont j'ai lu une bonne dizaine de livres.
Comme Giono, qu'il considérait comme son maître, il décrit un pays dont la vie est rude et âpre avec des gens qui s'accrochent à leurs terres même pauvres et à leurs traditions.
Le roman "Les courriers de la mort" prend place dans l'arrière pays dignois, dans le village de Barles, célèbre par ses "clues" qui sont une curiosité géologique et offre au regard des gorges très belles et encaissées où on ne circule pas de façon aisée. Le roman met en scène un commissaire Laviolette désormais à la retraite que vient réveiller le juge d'instruction dignois Chabrand. Ils ont eu été comme chien et chat au temps où Laviolette était encore au boulot et ont fini par s'estimer (un peu).
Mais Chabrand étant dans une merde noire suite à une série de crimes incompréhensibles, il n'a d'autre ressource que de venir chercher ce vieux tordu de Laviolette, seul bas-alpin capable de dénouer le mystère.
Et effectivement, il faut être bas-alpin de père en fils depuis plusieurs dizaines de générations pour pouvoir comprendre l'imbroglio. Car dans cette région pauvre d'entre les pauvres, le droit d'ainesse, bien que légalement interdit, fait force de loi. Les terres ne se partagent pas et les cadets n'ont qu'une ressource, c'est de déguerpir pour survivre. Il se peut même que les deuxièmes fils soient laissés aux bons soins des orphelinats pour que se perde le nom et éviter ainsi des retours de bâton vengeurs...
Le style de Magnan est assez particulier car il manie un certain second degré et introduit très volontiers des détails très lestes sur les mœurs des habitants et habitantes de ce département très peu peuplé (une grosse centaine de mille d'habitants) dont il faut bien occuper les longues soirées d'hiver une fois qu'on a compté ses sous.
Pour ce qui concerne précisément ce roman, on peut dire aussi que contrairement aux précédents ("le sang des atrides", "le commissaire dans la truffière", "le secret des andrônes"), l'enquête s'essouffle et traîne un peu en longueur. Mais c'est un roman agréable (et parfois amusant) à lire.