Sentiment de tourbillon inégalé. Tourbillon des points de vue (et de la virtuosité du romancier à les mêler). Tourbillon qui met la bêtise et l'intelligence sens dessus-dessous, les petites et les grandes émotions tête-bêche, les nobles cœurs à la merci de ceux empoisonnés par les ressentiments. Le tourbillon des révolutions - et des délires collectifs (janvier 2015 passait par là pendant la lecture) - vu par l'œil du cyclone, mais avant que le cyclone ne se soit encore enroulé autour de lui. Pour toucher du doigt la puissance d'une sensibilité extra fine qui se transforme par le travail et l'écriture en vision prophétique. Avec ce vertige en prime, et si ces démons faisaient œuvre utile... parfois l'angoisse et la question "poignent" le cœur de Dostoïevsky entre les lignes. Une des choses les plus sublimes (et les plus triviales et boueuses - et l'un ne va pas sans l'autre ici, toujours ce tourbillon cyclothymique) que la littérature européenne ait donné avec les tragédies de Shakespeare.