Les Deux Tours
8.3
Les Deux Tours

livre de J.R.R. Tolkien (1954)

Pas de précipitations, c'est la devise de Sylvebarbe.

Attendez, la devise de qui ? De Sylvebarbe, le ent qui part à l'assaut de Isengard, juste parce que deux hobbits se sont ramenés à Fangorn. Bon je suis mauvaise langue, il faut prendre en compte que les ents vivent avec une réalité morbide beaucoup plus accrue depuis la disparition des ents-femmes. Pas de problème, mais défoncer Saroumane est si simple alors pourquoi pas plus tôt ? Parce qu'il n'aime pas les précipitations ? Faire une assemblée d'ents qui dure moins de trois jours et partir en guerre, ce n'est pas précipité ?
Je ne vais pas partir en guerre contre cette phrase, non, mais en tout cas je vais partir en guerre contre ce livre qui m'a mangé une partie de ma vie, même si j'y vais avec un cerveau las.
(snif)
Commencer le livre (cette fois ci il n'y a pas de prologue sur l'univers), par la troupe d'Aragorn à la recherche des Hobbits, me met dans une profonde tristesse. On apprend ce qui se passe des deux côtés, alors qu'on peut vivement oublier les aventures de Pippin et Merry aux mains des orcs. Si l'un des protagonistes suit le déroulement des événements que subissent les autres protagonistes, pourquoi s'embêter à narrer ce qu'il leur arrive ?
(reniflement attristé)
Le pire c'est que Tolkien ne sait pas mixer les actions avec les dialogues, on a l'impression parfois que le monde disparaît autour des personnages, pour qu'il puisse discuter sagement dans une sorte de bulle hors de la réalité (comme le dit les psychologues). On a les mêmes aberrations que dans le premier bouquin, Eomer qui discute avec Aragorn alors qu'il est pressé, Faramir qui ne peut s'empêcher de tergiverser à propos de l'histoire de son peuple, Saroumane et Gandalf en train de blablater. Certaines conversations sont mieux placées, Sam et Frodon sur les escaliers de Cirith Ungol, Gimli et Legolas sur leurs cultures, et pour la peine elles sont moins longues et servent plus à quelque chose (développer les relations).
Et pourtant, après être endormi suite au premier livre, je suis maintenant fatigué et triste de voir que les erreurs se répètent. Je refusais que créer des bourdes pareilles puissent exister, alors j'étais en colère (ça se voit dans ma première critique) mais pendant la lecture de la suite je commençais vraiment à vouloir négocier avec ce livre, j'écoutais de la musique pour faire passer les moments ennuyants, je n'essayais plus de comprendre certaines descriptions, je ne relisais plus les passages que je survolais sans les comprendre.
(reniflement)
Vous voyez mais couper le livre en deux, n'est pas vraiment une bonne chose : la première partie sur Aragorn, et la seconde sur Frodon (celle qui m'intéresse est comme par hasard la deuxième). Pourquoi ne pas avoir rassemblé les deux parties pour faire, Fangorn, le marais des morts, le gouffre d'Helm, la rencontre avec Faramir, etc... Résultat des courses, la partie sur Frodon est la plus indigeste, on est Far Far Far de voir la fin avec Faramir qui nous rabâche les oreilles de Minas Tirith, Minas Ithil. A la fin, je n'étais plus en train de lire, mais de subir les longues descriptions effilées qui faisaient des kilomètres.
Le caractère des mots toujours dramatique et solennel, (Hélas, puissé je être pardonné), peut être pardonné finalement, c'est l'écriture de Tolkien déjà, mais aussi parce que le bougre est pris entre deux feux. Faire un roman d'aventure ou un conte mythologique. Les deux se perdent finalement pour créer une sorte d'abomination du docteur Alphys. Et c'est là que le bât blesse.
Pourquoi raconter la destruction de l'Isengard ? Pourquoi faire un banquet juste à côté de Saroumane ? Pourquoi ? (pleurs)
Il faut aussi que j'édulcore mon propos du ridicule de la phrase de Legolas, notre société a évolué, les mœurs ont changé, ce qui faisait peur avant, ne fait plus peur aujourd’hui. C'est pour ça que quand j'ai vu La foire des ténèbres, j'ai aussitôt préféré la version modernisée de Stephen King avec Bazaar. Je n'ai pas lu le livre de Bradbury (et ça ne saurait tarder), mais je suis sûr que je ne serai pas autant touché que comme un lecteur des années 50. C'est comme Sauron qui parle, je trouve que tout bonnement ça désacralise le personnage, mais à l'époque non. (pleurs redoublés)
Certains pourront se dire, "Oh il est en train de négocier avec Tolkien et nous, il a vu nos j'apprécie pas sur sa première critique, il essaye de se racheter". C'est en partie pour ça mais aussi parce que je suis attristé, il faut que je finisse les 400 pages restantes, et je n'en vois pas le bout.
Un peu comme Sam et Frodon, j'avance inexorablement vers la fin, et au passage je sens mon énergie vitale s'échapper peu à peu, mon corps meurtri par la fatigue et par le désespoir qui peine à me faire avancer. Peut être que Hopes and Dreams m'aidera à continuer, jusqu'à la montagne du destin, c'est tout ce qui me reste.

Diegressif
5
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le 12 juil. 2017

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