Le style l'emporte sur le dénouement décevant

Toya Gardner, une jeune sculptrice afro-américaine, est de retour dans sa ville natale, une petite bourgade de Caroline du Nord, avec la ferme intention de dénoncer le passé esclavagiste de la région. Pour cela, elle se livre à plusieurs actions contestées par les locaux et déclenche de graves tensions au sein de la communauté. Dans le même temps, un jeune policier arrête lors d’un contrôle un voyageur venant du Mississipi, qui transporte dans son véhicule la tenue de membre du Ku Klux Klan ainsi qu’une liste contenant les noms de notables de la région. Le lendemain, le mystérieux carnet a disparu.


Je découvre cet auteur après avoir lu plusieurs belles chroniques au sujet de ses romans. Son style m’a beaucoup plu, l’écriture aérienne de certains passages mettent brillamment en valeur le lien qui unie Toya à Vess sa grand-mère maternelle. Les lignes deviennent magiques, habitées d’une beauté transcendante. J’ai apprécié le personnage de Toya, une artiste qui considère l’art comme instrument de transformation sociale. Elle impose au spectateur une participation active, dans le but de transmettre un message. La région dont elle est originaire est marquée par la ségrégation raciale, dont a été victime sa propre famille et son combat pour la quête de pardon et de reconnaissance est implacable. Le sujet résonne toujours aujourd’hui, peut-être même plus que jamais, alourdi par le poids de siècles de discriminations. Certains passages de ce roman offrent une profonde réflexion sur le suprémacisme blanc et sur l’omerta qui durant de longues années a empêché les noirs de s’exprimer sur leur condition.


Toutefois l’intrigue m’a semblée peu convaincante dans son dénouement, je n’ai pas adhéré à celui-ci car j’attendais que les évènements prennent une autre tournure. Il y a un meurtre et une agression, une enquête menée par une inspectrice sympathique mais les explications manquent de clarté, comme s’il avait manqué quelque chose à l’auteur pour parfaire ce qu’il avait brillamment commencé. Ce ne sont que mes impressions, et je n’hésiterai pas à l’avenir à lire David Joy car son style m’a énormément plu. Je remercie les Editions Sonatine via Netgalley pour cette lecture.



loeilnoir
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il y a 3 jours

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