Ou comment ruiner la fin d’une série qui était, jusque là, plutôt agréable

L’explorateur anglais Sir Richard Francis Burton et sept de ses compagnons ont survécu au périlleux voyage vers la Tour boréale. Loga, le mystérieux Ethique rebelle, les y a accueillis. Mais celui-ci est assassiné dans des circonstances troublantes. Burton et ses amis vont devoir identifier le coupable, et utiliser les immenses pouvoirs de l’Ordinateur. Mais dans quels buts, exactement ?


Les Dieux du fleuve est un roman extrêmement décevant. Il ne s’y passe pas grand chose, parce que les personnages ne cessent de se lancer dans des interrogations et des projets secondaires, sans jamais se préoccuper des questions qui semblent pourtant évidentes. Ainsi, les pages s’écoulent au long des introspections biographiques des rescapés, de leurs relations interpersonnelles, et de digressions diverses et variées qui semblent n’avoir comme seul point commun que l’envie de l’auteur de les aborder : l’astrologie, la morale, la religion, Jack l’éventreur, le marxisme, le racisme, et ainsi de suite à l’infini. Farmer semble avoir un avis sur tout, et l’irrépressible envie de nous les faire partager dans ce volume.


Bien sûr, le roman s’anime un peu sur la fin, quand il faut enfin conclure. Plusieurs coups de théâtre se succèdent rapidement, et le lecteur obtient malgré tout le fin mot de l’histoire. La conclusion est moins métaphysique qu’on aurait pu le craindre, mais elle est dans la droite ligne des tomes précédents. Il aurait suffit de rajouter un paragraphe au Labyrinthe magique, cela nous aurait épargné ce long voyage au bout de l’ennui.


Le récit est précédé d’une longue nouvelle intitulée Ainsi meurt toute chair, qui est plutôt réussie mais qui n’a aucun rapport avec les événements rapportés dans Les Dieux du fleuve. D’ailleurs, les avant-propos de l’auteur en introduction de plusieurs des volumes de la série (aux éditions Le Livre de Poche) montrent bien que cette série de cinq romans a été confectionnée en rassemblant des nouvelles, écrites à des époques différentes et pas toujours dans l’ordre chronologique des événements. On comprend mieux le manque de cohérence de l’ensemble : des personnages importants qui disparaissent sans qu’on s’y attarde, des invraisemblances criantes, des ellipses suspectes, des choix arbitraires parfois difficilement compréhensibles…


L’ensemble de la série comporte plus de 2.000 pages. Parfois confuse et indigeste, elle est aussi très originale et impressionne par sa galerie imposante de personnages hauts en couleur.


Philip José Farmer : Les Dieux du fleuve – 1983


Originalité : 3/5. S’il y a une chose qu’on ne pourra jamais reprocher à P.J. Farmer, c’est un manque d’originalité.


Lisibilité : 2/5. C’est long, c’est lent, ça tourne autour du pot, ça digresse.


Diversité : 1/5. Huit personnes sont enfermées dans une tour. Elles parlent beaucoup, mais évitent soigneusement tous les sujets importants. Pendant 350 pages.


Modernité : 2/5. Peut-être que les thèmes abordés étaient brûlants en 1983. Mais j’en doute fort.


Cohérence : 1/5. On se demande comment des personnages stupides ont pu survivre jusque là. Puis on se souvient qu’ils ne sont que des prétexte pour l’auteur.


Moyenne : 3.6/10.


A conseiller si vous avez besoin d’un puissant somnifère.


https://olidupsite.wordpress.com/2019/07/20/le-fleuve-de-leternite-tome-5-les-dieux-du-fleuve-philip-jose-farmer/

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le 9 mars 2022

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