Je m’y attendais un peu. Sans à priori pour Michel Robert que je ne connaissais pas, je me doutais qu’écrire une suite au sein d’un univers déjà bien posé pouvait brider la créativité de son auteur. Surtout quand il s’agit de succéder à Pierre Grimbert, auteur atypique qu’on aime pour sa fraicheur naïve, ses dialogue enlevés et passionnants, ses intrigues fignolées, son écriture simple mais précise et la faculté qu’il a à modeler sans relâche ses personnages, jamais bien éloignés des standards, c’est vrai, mais aux caractères profondément mis en mots.
La spécialité de Michel Robert est l’action. OK, c’était noté et ça se voit. Il ne se distingue dans cette suite que lors des combats fouillés et dans la perversité des supplices infligés par les créatures du Maûne.
Côté idées, c’est le néant. Le petit groupe si sympathique dans le premier tome et désormais quelconque sous la plume de Robert, parcourt le continent à la recherche, non pas des fameuses runes, mais d’indices laissés par un autre (qui mène donc toute l’enquête sans qu’on ne sache jamais comment il parvient à ses fins, bravo pour l’intrigue !), passe d’un endroit à l’autre sans qu’aucune originalité ni saillie n’interviennent, se livre à des dialogues convenus et bas du front.
L’intrusion des Maûnes au sein de la forteresse est très simplement pensée, la révolte des prisonniers qui s’ensuit trop facile, dénuée du moindre rebondissement, la réussite tirée par les cheveux.
Au niveau de la magie, on est à des années lumières des théories dispensées par Grimbert dans le Secret de Ji. Ici, Michel Robert effleurant tout concept ; il suffit de s’attarder sur les passages où Ariale est formée à la Voie Blanche. On n’y apprend absolument rien que des lieux communs à peine esquissés comme si l’auteur avait consenti à les écrire sous quelque contrainte : « si tu t’engages dans la voie Blanche, n’utilise pas la magie offensive » étant le conseil le plus important de l’enseignement du professeur, le genre d’avertissement que l’on peut retranscrire dans n’importe quel univers, Star Wars en tête avec le côté obscur de la force.
Les aventures de Geyor dans le Maûne n’ont aucune saveur. Pour un résultat hautement plus intéressant et captivant dans le même genre, (re)lisez Zelazny.
A éviter, donc. Une suite totalement creuse et insipide, inintéressante et qui fait davantage penser à une commande calibrée qu’à une œuvre personnelle.
J’avais lu avec plaisir le premier tome à sa sortie avant de le relire vingt ans plus tard dans le but de me rafraichir la mémoire et d’entamer sa suite. J’aurais pu m’arrêter là. Pour le coup, Sens Critique, avec une moyenne de 7,4 (davantage que le tome 1, donc !) pour 89 évaluations, m’a été très mauvais conseiller.
Allez, place au tome 3, on ne sait jamais (ouch, j'aurais pas dû...)

bast2002
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le 3 mars 2017

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bast2002

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Les Dires des Sylfes
cnasarre
8

Excellente série de Fantasy !

j'aime beaucoup le monde dans lequel se déroule l'action et je n'ai pas vu passer les tomes de la série : laissez vous emporter à votre tour.

le 26 mars 2011

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