Ce qui attire immanquablement l’œil du déambulateur au milieu des rayons de la librairie, c'est la couverture magnifique qui orne la nouvelle édition des enchantements d'Ambremer, ouvrage devenu relativement rare après sa première édition. Colorée, vive et d'un style emprunté au XIXème, cette couverture est une invite au voyage littéraire.
Celui-ci ne tarde guère, dès la première page entrouverte. En effet, le talent de l'excellent auteur de Wielstadt et des lames du cardinal n'est plus à démontrer. Dans ce texte légèrement remanié par rapport à sa première mouture, Pierre Pevel nous offre un Paris rêvé, celui des fées et des enchanteurs. Il peint avec brio un monde où certains arbres expriment leur sagesse séculaire, où des chats volants lisent des romans en dormant dessus, où un monde féerique trône aux portes de la capitale de l'exposition universelle d'alors.
Si l'intrigue met quelque temps à se nouer, ce n'est pas le cas des principaux protagonistes qui se révèlent si bien conçus (Griffont et Isabel de Saint-Gil en tête) que les suivre dans leurs déambulations urbaines s'avère un véritable enchantement. L'ambiance qui se dégage de la lecture est une subtile fragrance, faite de distinction et d'odeur de magie, de charme et de senteurs féeriques, d'intrigues et de parfum d'enquêtes parallèles. Mais lorsque que les éléments du drame qui se joue sont enfin en place, quelle jubilation à savourer les avanies qui frappent notre héros !
De bibliothèques en gargouilles, de légendes en trésors, de filatures en confrontations, c'est tout le panache d'un auteur qui admire Alexandre Dumas qui s'exprime. Sa plume virevolte jusqu'à l'épilogue final qui se conclut dans la même veine que le récit, riche et distingué.
Un petit texte, intitulé Magicis in Nobile, a été ajouté à la fin du volume. Même s'il égaye cette histoire de prolongations agréables, on sent qu'il n'est pas tout à fait de la même eau, écrit bien a posteriori sans doute. Sans gâcher en rien le plaisir de savourer cet opus, son apport demeure encore abscons à mes yeux.
Cette ultime remarque ne doit surtout pas freiner l'envie du lecteur curieux, ou de celui qui aura apprécié les autres récits de Pierre Pevel, de se lancer dans la découverte d'un enchantement littéraire de premier ordre, celui d'Ambremer.