Les Enfants de Dune par Nananah
Les Enfants de Dune est pour moi le tome le plus difficile à lire du cycle de Frank Herbert. Difficile, car il marque vraiment un tournant dans le cycle. C'est en général le tome où s'arrêtent ceux qui déjà ont été déçus par le Messie (tome précédent), et même ceux qui continuent ont finalement besoin de la lecture des tomes suivants pour prendre du recul sur ce livre-là et pouvoir l'apprécier à sa juste valeur.
Alors oui, effectivement, Herbert ne tombe pas dans la facilité, et ne va pas où l'on aurait préféré qu'il aille, ce galopin. Moins de vers des sables, moins de Fremens, moins d'action, des personnages attachants qui prennent un chemin qu'on ne veut pas les voir prendre. Et pourtant... Herbert continue à maîtriser son sujet de bout en bout. Captivés dans une intrigue qui ne nous plaît pas toujours, sans trop comprendre où on nous amène, c'est l'illumination qui nous attend dans les derniers chapitres, et une réflexion qui continue une fois le livre refermé.
C'est là qu'on réalise qu'Herbert s'en fout, de nous faire suivre des personnages. On veut qu'il nous redonne de l'Atréides, du Fremen, du combat, de l'action quoi, un peu de suspense, mais lui, il s'en fout. Il l'a déjà fait dans les tomes précédents, ça (Spoiler, ça revient dans les deux derniers tomes ^_^). Ce qu'il veut, là maintenant, et plus encore dans l'Empereur-Dieu (tome suivant), c'est nous parler et nous forcer à réfléchir au pouvoir, à la religion, à l'écologie, aux sociétés et leurs évolutions. Il le fait parfaitement. Avec le recul, ce tome est au final une petite merveille, à la conclusion superbe, qui laisse présager du meilleur pour celui qui lui fait suite.