En littérature, comme en amour, parfois la deuxième rencontre ne vaut pas la première et engendre même un début de déception. Prenez Gouzel Iakhina, dont Zouleikha ouvre les yeux avait enthousiasmé et que nous retrouvons avec Les enfants de la Volga, un nouveau roman qui se déroule, grosso modo, de la fin de la première guerre mondiale au début de la seconde, dans un endroit très spécifique de l'URSS, un territoire peuplé par des Allemands d'origine, qui devient même république socialiste soviétique autonome des Allemands de la Volga en 1924. Au sein de cette communauté, le livre (un roman fleuve, donc, au sens premier des termes) raconte l'histoire d'un maître d'école, amoureux fou d'une élève à laquelle il dispense des leçons particulières. La suite ? Elle ne se résume pas, empruntant des routes souvent inattendues, autant contemplatives, dans les longues descriptions de la nature proche du grand fleuve russe, que rocambolesques, voire fantastiques et magiques; où le maître d'école devient en même temps père, voleur de lait puis écrivain de contes (qui préfigurent la réalité), tout en perdant la parole lors de circonstances tragiques. Gouzel Iakhina essaie à la fois de nous passionner pour un destin individuel et pour une époque d'espoir et de souffrance et quelques chapitres intercalés s'éloignent de l'intrique principale pour nous montrer Staline en différents lieux et à différentes périodes. Ces intermèdes, malheureusement, cassent un peu la rythmique du roman. Dans l'ensemble, peut-être est-ce une question de dosage, quelque chose ne fonctionne pas dans Les enfants de Volga. Sans doute que, après Zouleikha ouvre les yeux, l'attente était trop forte, aussi bien pour l'écrivaine que pour le lecteur qui reste un peu sur sa faim, malgré quelques passages saisissants.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc.