Outre la rencontre d'un premier roman, ce livre est mon gros coup de coeur de cette rentrée littéraire 2022.
La force de ce récit, une écriture simple, directe et émotionnelle pour accéder à une période historique, les trente glorieuses en France et l'arrivée du Sida dans les années 80.
Nous plongeons dans l'arrière pays niçois, celui de notre auteur qui va nous raconter et témoigner de son passé familial, sa filiation.
C'est une histoire intime et en même temps une enquête sociologique sur le temps qui passe.
On découvre les ancrages dans de petits villages, d'une génération de professionnels, ici une famille de bouchers, ancêtres de A.Passeron.
Des gens courageux qui à l'époque faisaient tout, choisir les bêtes dans les prairies, les engraisser jusqu'à l'abattage, les découpages proposées dans leur magasin.
A l'heure de la consommation du pré-emballé dans les grandes surface, on ne peut que réfléchir à ce qui se trouve dans notre assiette aujourd'hui.
S'ajoute à ce passé les espoirs de ces artisans à vouloir que leurs enfants connaissent une vie plus agréable, fassent des études pour une meilleure reconnaissance et faire avancer leur statut dans une société bien pensante.
Une réussite ou un piège ?
C'est ce dilemme que propose avec beaucoup d'ampleur et d'empathie ce jeune auteur.
Après plusieurs générations construites avec vigueur et constance, un hic,
un bouleversement va faire basculer à jamais cette construction familiale et son arbre généalogique.
Une autre greffe va bourgeonner et c'est l'apparition du Sida, et on suit avec intérêt cette chronologie parallèle , celle du début des années 80 et des premiers malades séropositifs qui deviendrons des pestiférés , des gens sans importance puisqu'ils sont homos ou toxicos.
Ce livre aborde aussi le travail acharné des médecins et des chercheurs français pour trouver l'origine de ce mal , de cette épidémie qui tue des
centaines de très jeunes personnes.
A lire et découvrir cette introspection intime et bouleversante écrite avec des mots sincères.
Après lecture je ne peux m'empêcher de penser à un autre virus qui aujourd'hui a tué des milliers de personnes.
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