C'est sous le règne de l'avant-dernier tsar de Russie, le géant Alexandre III, que s'écrit l'histoire de Stepan, un orphelin tôt recueilli par une famille influente du pays, les Danilov. Mais sa présence, et même son existence, ne plaisent ni au fils aîné, ni au gendre, deux individus très vite étiquetés comme les vilains du roman. Seule la benjamine, Natalia, lui porte une affection invétérée, tant et si bien que ses sentiments pour ce « demi-frère » frôlent l'amour.


Il est impossible de confondre les personnages de ce livre puisque chacun d'entre eux est défini par quelques épithètes ainsi attribuées : Stepan est le héros mélancolique, un génie de la musique ; Natalia, la fille aussi belle que douce et futée ; Vladimir, le frère fou, presque paranoïaque, et tortionnaire ; Olga, la sœur passive ; Kusak, le beau-frère manipulateur ; etc. Les descriptions physiques, assez rares, s'appliquent aussi à différencier très nettement les protagonistes, afin, sans doute, de ne pas embrouiller le jeune lectorat.


Ainsi, l'intrigue unique est d'une grande simplicité : Stepan, trahi par ses proches (famille adoptive et amis), est accusé de terrorisme et forcé à l'exil, sur ukase du tsar lui-même. Il fuit donc la Russie et l'Ukraine (il possède un domaine dans ce second pays) pour la France, puis l'Italie. Là-dessus, viennent se greffer ses rêves de gloire (l'autolâtrie de ce compositeur est parfois difficile à justifier), ses doutes et son éveil sentimental.


Ce sont des extraits des journaux intimes de Stepan et Natalia qui retracent cette histoire, auxquels écrits se mêlent parfois des courriers de l'un ou l'autre, ou même d'une tierce personne, qui révèlent les dessous de l'intrigue et ruinent tout effet de suspense. Il semblerait que la transparence du récit prévale sur les machinations politiques pourtant ébauchées (au grand dam du lecteur adulte).


Quant à l'écriture, elle est d'une froide sobriété, — peut-être ténébreuse pour les enfants tant il y a de termes russes ou désuets, — mais toujours élégante et recherchée. Les passionnés de musique ont en outre l'occasion de rencontrer le grand Tchaïkovski, contemporain et maître de Stepan, quand ceux d'Histoire apprécieraient sûrement cette immersion dans la Russie de fin de XIXᵉ siècle, alors que l'autorité des tsars faiblit.


C'est en tout cas un roman très correct mais que les lecteurs les plus âgés (comme moi) considéreront d'un œil indifférent puisque les enchevêtrements d'intrigues, d'événements ou d'aventures marquent par leur absence. Les derniers chapitres promettent cependant un renouveau de l'histoire plaisant dans le tome suivant, où la quête de Stepan prendrait une teinte vengeresse.

Hillja
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le 18 juin 2021

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Hillja

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