Quand on est un fidèle de John Irving depuis Le monde selon Garp, qui l'a fait connaître en France, impossible de passer à côté de Les fantômes de l'hôtel Jerome, même si l'écrivain octogénaire n'a plus rien à prouver et que le lecteur pressent qu'il pourrait bien ressasser certains de ses thèmes favoris, dans cet opus de près de 1 000 pages. C'est effectivement le cas, à commencer par cette sacro-sainte lutte gréco-romaine, et beaucoup de passages sont quelque peu redondants, plusieurs scènes et quelques personnages, aussi. Mais qui sommes-nous pour estimer que cette fresque d'une famille particulière aurait pu allégé, par ci par là ? Irving écrit comme ça lui enchante et assez souvent nous enchante, quand même, avec des situations que lui seul a le don d'imaginer. Le fait est que le sexe est omniprésent dans Les fantômes de l'hôtel Jerome, davantage dans les paroles que dans les actes, mais cela fait partie des obsessions de l'auteur, qui prône depuis toujours la liberté en ce domaine, lui qui fustige avec bonheur l'intolérance, l'hypocrisie et la bien-pensance sans relâche. Outre une crudité qui se libère sans entraves, le roman se caractérise également par la diversité des fins de vie, souvent spectaculaires, et par la récurrence des apparitions des fantômes du titre. Globalement, sans être son œuvre maîtresse, loin s'en faut, et avec les réserves énoncées plus haut, le livre nous rappelle à quel point le romancier sait être passionnant et attachant, en particulier dans les portraits de ses protagonistes, même s'il lui arrive de s'égarer, quand il essaie d'être innovant, lors des quelques passages du livre écrits à la façon d'un scénario.