Le court "manifeste" est taillé pour des conférences (très) grand public, et l'intérêt s'en ressent.
Mary Beard est une experte de l'antiquité. On peut conseiller son très documenté SPQR : Histoire de l'ancienne Rome.
Par contre, en matière de féminisme, le propos souffre sévèrement de manque de profondeur.
Pire, contrairement à ce que le titre laisse penser, l'ouvrage aborde principalement le fondement culturel qui prive les femmes de l'opportunité de prendre la parole.
Partie 1. La voix publique des femmes
Les exemples liés à l'Antiquité semblent a propos et montrent clairement à quel point la Femme est repoussée dans les pièces connexes de son foyer quand l'Homme prend la lumière et s'octroie tout le bénéfice des joutes oratoires.
Partie 2. Les femmes et le pouvoir
Les exemples centrées sur l'ex première ministre anglaise Theresa May (Mary Beard est britannique) et à un degré moindre sur Hillary Clinton sont totalement biaisés, au mieux insuffisants.
L'autrice survole le sujet en omettant volontairement de prendre en compte dans son analyse les autres femmes qui ont accédé au pouvoir politique (on pourrait lui suggérer pêlemêle Margaret Thatcher, Edith Cresson, Angela Merkel ou hors du monde occidental Indira Gandhi, Isabel Martinez de Peron ou Ellen Johnson Sirleaf) ou au pouvoir économique.
En résumé, autant la 1ère partie basée sur la culture patriarcale est intéressante, autant la 2nde est d'une médiocrité affligeante.
Dans les 2 cas, le tout serait intéressant s'il était la rédaction d'un(e) lycéen(ne).
Mais de la part d'une autrice ayant pignon sur rue, on ne peut que relever la superficialité de l'ensemble et l'absence totale de projections pour une mise en actions.
Bref, à oublier !