Responsabilités et choix au coeur des intrigues

A la lecture du tome 5, on se retrouve inévitablement devant un tome de la Roue du Temps. Ce que je veux dire, c'est que chaque volume possède en soit les mêmes caractéristiques : introduction intriguant, développement des multiples intrigues et démarrage volontairement lent. Sans omettre évidemment le background ultra développé et la présence d'une kyrielle de personnages tous aux intérêts différents, parfois convergents. Seulement, contrairement au tome 4 qui était extrêmement complet à nous raconter trois intrigues principales plus une flopée d'intrigues secondaires, ce tome-ci est différent.

En effet, une intrigue principale passe à la trappe : celle de Perrin Aybara et de ses compagnons à Deux-Rivières. Je l'ai senti dès la lecture des 200 premières pages. Il est à peine évoqué, et je trouve ça un peu dommage, car j'avais adoré ses péripéties, accompagnés de Faile, Loial et de trois Aiels, lors de son retour à Deux-Rivières. Il faudra attendre le tome 6 je présume. C'est l'effet d'un immense récit de fantasy : parfois, tout caser dans un même tome est ardu.

Les deux intrigues principales de ce tome réside aux deux personnages principaux mis en avant, à savoir, Rand Al'Thor et Nynaeve Al'Meara. Après l'absence du premier dans le tome 3, il revient sur le devant de la scène dès le tome 4 et fait face à ses responsabilités en devant assumer les conséquences de ses actes. La deuxième avait déjà été importante par le passé, mais il s'agit du tome où on la voit la plus et ça change. Leur rencontre à la fin, dans le Monde des Rêves, prouve effectivement leur importance.

L'intrigue de Nynaeve, j'en ai une bonne impression, mais elle a tout de même quelques défauts. Tout d'abord, l'intrigue se repose sur son principal agissant. En l'occurrence, j'ai plus que jamais un avis mitigé sur cette ancienne Sage-Dame. D'un côté, j'aime bien le fait que ce soit "Une femme d'action" assumant ses responsabilités et déterminée. D'un autre côté, elle est tantôt trop hautaine, tantôt insupportable. En outre, c'est dans ce tome que son comportement outrancièrement misandre est le plus poussé. Si les réflexions de Mat sur les femmes m'insupportent, il en va de même pour celles de Nynaeve sur les homme qui ne valent guère mieux. A un moment, Thom lui dit "Qu'elle mériterait des baffes" et je serais presque d'accord avec lui. Trop de réflexions subjectives des personnages n'apportent pas grand-chose au récit, en fait.

De plus, les personnages gravitant autour d'elle m'ont parfois laissé perplexe. Inévitablement, la deuxième plus importante reste Elayne Trakland, Fille-Héritière du royaume d'Andor, elle-même agissant beaucoup. Dans ce tome, les responsabilités et les choix semblent être au premier plan. En revanche, les autres personnages m'ont paru fades. Juilin est complètement anecdotique, quant à Thom, je l'aimais bien au début, mais maintenant, je suis presque en train de me dire qu'il aurait dû rester mort au tome 1, car à part quelques réflexions de temps à autre, il m'a paru inutile. Quant aux membres de la troupe, ce sont finalement des personnages secondaires qu'on voit peu.

Néanmoins, je n'irai pas jusqu'à dire que cette intrigue est mauvaise. Comme je l'ai déjà mentionné, il s'y passe tout de même pas mal de choses et le côté "Voyage important" est suffisamment poussé pour que j'y accroche. La confrontation "psychologique" de Moghedien avec Nynaeve m'a paru aussi intéressante, même si je peine à classer Moghedien comme une antagoniste crédible, étant donné qu'une nouvelle fois,

Cette intrigue principale est inévitablement raccrochée à l'intrigue secondaire où nous voyons la "fuite" de Siuan Sanche après avoir été détrônée. Comme ses compagnons, Logain, Leane et Min, elle demeure un personnage assez secondaire, mais ce fut presque amusant de voir ce "retour à la réalité".

, cela m'a permis d'appréhender encore sous un autre angle ce groupuscules qui, définitivement, est le plus développé par l'auteur. Reste à voir ce qui en sera fait après.

Ensuite, il y avait l'intrigue de Rand Al'Thor, personnage principal pilier, tant par sa présence que par sa puissance. Au début, je dois avouer que je l'ai considéré comme plutôt chanceux : il est au sommet de sa gloire, tout le monde l'obéit, même Moiraine dans une évolution logique et il est en permanence protégé par une troupe de guerrières d'élite. Mais très vite, la réalité lui revient.

On arrive donc à ces passages dont on m'avait beaucoup parlé : les intrigues politiques. C'est là que Rand doit faire des choix et, rebondissement intéressant pour l'évolution du personnage, il est dépassé par la situation, ce qui est finalement assez logique. Quand on y pense, il était avant tout un simple paysan et dans les premiers tomes, il était soumis à tout le monde, à peu près. Il est donc normal que ses choix ne soient pas toujours optimaux et que ses rencontres avec des personnes hautement placées politiquement ne mènent à des négociations brillantes. Je l'apprécie bien mieux en tant que tel, même si je n'approuve pas toujours ses choix.

Autour de lui, les autres personnages principaux paraissent un peu plus effacés. Egwene Al'Vere, par exemple, n'en voit plus "des vertes et des pas mûres" comme dans le tome 4 où elle était bien mise en avant. Il en va de même pour Mat : moins présent dans ce tome-ci également, il m'a paru moins insupportable, et sa relation avec l'Aielle qui s'avère finalement être une Suppôt des Ténèbres m'a paru somme toute intéressant. Comme annoncé sur la couverture, Aviendha est davantage mis en avant, car le "carré amoureux" commence à être développé, à savoir elle, Min et Elayne, toutes trois amoureuses de Rand. Si cet espèce de carré ne me dérange guère, vu que je considère Min comme trop éloignée et Elayne trop "princesse", Aviendha formerait selon moi le meilleur couple avec Rand.

Après une moitié de tome davantage concentrée sur les évolutions des personnages et les intrigues politiques, on revient au coeur de la saga : confrontations et batailles. Celles-ci sont plutôt bien menées, même si la mort de Couladin m'a paru trop rapide. Comme d'habitude, les fins des tomes connaissent une succession d'événements, celui-ci voyant les "morts" de personnages importants.

Aussi, c'est lors d'une confrontation supplémentaire contre Lanfear que Rand subit "une belle baffe" si je puis dire, indispensable à l'évolution du personnage. A cause de son refus stupide de s'en prendre aux femmes (stupide dans le sens où il connaît ce monde où pullulent guerrières et magiciennes dangereuses depuis un moment quand même),

Pour Rand, cette intrigue se conclut relativement bien, car comme pour les Aes Sedai renégates, ces intentions de conquête s'intensifient. Après une succession de mauvais choix, j'ai hâte de voir les suivants.

En résumé, ce tome 5 est assez bon, en deçà du quatrième, certes, mais suffisamment accrocheur pour constituer un tome important dans cette épique saga de fantasy.