« L’air est plein du frisson des choses qui s’enfuient »
Un vers, un mot, un son. Rien qu’une petite syllabe placée au juste endroit nous transporte dans un tout autre univers. Tantôt oniriques, tantôt macabres, les poèmes de Baudelaire ne laissent pas indifférents.
Chaque écrit n’est pas un chef-d’œuvre en soi mais lorsqu’un des poèmes vous touche et vous sort de votre quotidien, de votre routine, vous sentez alors qu’il est advenu quelque chose d’inexplicable.
En lecteur frêle et inexpérimenté, le voyage au sein du recueil n’en est que plus fort, car les images nous frappent plus sincèrement lorsqu’on ne peut les analyser.
Divers thèmes sont abordés : la mélancolie, la mort, les drogues, l’homosexualité, le désir… Mais ils ne nous sont pas donnés tels quels. Il faut une clé, peut-être simplement une sensibilité particulière, pour pénétrer au plus profond des mots.
Le titre, Les Fleurs du Mal… Les fleurs, ces délicates offrandes parfumées et colorés que nous offre la nature, liée au mal, ce mal que l’on voudrait enrayer, ce mal qui détruit. Pourtant on conserve le mal avec plaisir dans cet ouvrage. On s’en délecte avec un certain plaisir malsain. Pourquoi lier ces deux termes si opposés ? Tout simplement pour retranscrire au mieux la complexité de cette oeuvre tiraillée entre deux mondes.
Baudelaire tisse un univers nocturne et secret que l’on savoure avec le gout de l’interdit. Le plaisir rime avec le désir, le délice rime avec le vice. On découvre lentement cette œuvre sensuelle. On lit un passage à nouveau, les yeux repassent sur des vers marquants. "L'alcôve" devient notre refuge. Les mots grisent comme le vin et enivrent comme l’amour.
Je terminerais simplement en prenant les mots de ce cher Charles : pour moi, ce recueil « Eblouit comme l’aurore et console comme la nuit ».