Fidèle aux thématiques de surveillances généralisées abordées dans ses précédents ouvrages (La Zone du dehors, La Horde du contrevent), l’auteur nous livre ici un récit nécessaire sur la lutte et les liens de solidarités qui en découlent. Au sein d’un monde de plus en plus digitalisé et qui ressemble effroyablement au notre, les villes ont été rachetées par les multinationales (Paris devient LVMH, Lyon se transforme en Nestlyon). Le personnage principal, si tant est qu’il y en ait un, Lorca Varèse, intègre une unité d’élite destinée à capturer les furtifs, des êtres aux capacités phénoménales dont leurs particularités est de se loger dans les « angles morts de la vision humaine ». Symbole d’une invisibilité aujourd’hui fantasmée les furtifs sont l’envers d’une société panoptique où règne le regard froid des caméras. Les personnages se détournent alors de leurs missions originelles pour élaborer une communication humains-furtifs. Introduits par ces êtres au monde du vivant qu’ils ne soupçonnaient plus, les personnages s’efforcent de lutter contre leur extermination annoncée. Ce livre ne se limite pas à une narration certes très efficace. Par l’utilisation d’une typographie particulière, ayant recours à des néologismes et créant sa propre langue Alain Damasio interroge les possibilités et les limites de la littérature dans sa capacité à rendre compte du monde. Sous le vernis de la science-fiction se cache un grand livre de, et sur la littérature.