Après trente années passées à diriger la mairie de Lyon, Paul Théraneau, incarné par Fabrice Luchini est en panne d’inspiration, un comble pour un homme politique animé par le progrès et dont la vie était jusqu’alors rythmée par ses nouvelles idées. Appelée à sa rescousse par le cabinet du maire, Alice est une jeune normalienne ignorante du monde politique, de ses usages, et de ses mœurs. Il est affaire de cohabitation et d’observation entre ces deux personnages que rien ne relie en apparence et même que tout oppose. Si le film dans sa première partie montre ce que l’on imagine comme le fonctionnement habituel d’une mairie, la seconde partie s’attache, avec finesse, à décoder la politique pour nous la présenter tel un opéra avec ses acteurs et son décor. Autrement dit, l’œuvre de Nicolas Pariser est la représentation d’une représentation. Et c’est tout l’intérêt de cette scène à l’opéra au cours de laquelle l’ensemble des protagonistes sont présents. La politique est avant tout affaire de mise en scène et ses acteurs avancent masqués.
Le réalisateur évite intelligemment l’écueil du jugement en faisant le pari de la nuance. A ce titre, peut être que l’une des erreurs de ce film est qu’à trop vouloir clarifier son propos sur la nuance, certains personnages apparaissent caricaturés à l’excès. Il en est ainsi pour la jeune artiste écologiquement très engagée, trop diront certains, pour en faire un personnage crédible. De même avec le jeune attaché de communication. Ce choix de faire dialoguer deux vocations en apparence opposées s’exprime lors d’une scène où le maire et Alice confrontent tous deux leurs opinions sur la profession de chacun relayant ainsi quelques clichés contemporains. Selon Alice, les politiques seraient incapables de produire un discours intellectuel tandis que le maire reproche aux intellectuels leur approche bien trop théorique et éloignée de la réalité pour pouvoir participer d’une quelconque façon à l’action politique. C’est le cours de ce dialogue que nous invite à suivre Nicolas Pariser avec pour point de mire l’éloge de la nuance et le refus du manichéisme. Alice et le maire est un film politique sur la politique et qui à, ce double titre, mérite d’être vu.