Les Furtifs, ce sont des strates qui se superposent:
L'amour d'un père - la déchirure aveuglante de la perte - une société de contrôle - l'essence du vivant identifiée dans la réinvention constante - la liberté comme manière de vivre - la lutte des idées, de la presse et de l'information - le combat pour se réapproprier les villes - la vérité partagée dans des individus qui font collectif - organiser et échanger les idées démocratiquement - la poésie d'un vent de furtivité
Les Furtifs, c'est aussi une richesse formelle chaleureuse, voire nourrissante: jeux de ponctuations qui traduisent la présence des furtifs, vocabulaire riche, innovation de stylistiques (français, espagnol, soutenu, urbain, sensible, mécanique, efficace ou flexueux…).
La diversité de points de vue - chaque personnage étant indissociables de son propre langage - croise la multiplicité des dimensions abordées. La vérité n'est pas portée par une seule voix. Cela fait des Furtifs une histoire décentralisée, riche. Ce roman modèle une compréhension organique, tri-dimensionnelle, de la société. Sans paresse intellectuelles, sans concessions. Alain Damasio y donne des grilles de lecture du monde dans lequel nous vivons, et surtout propose une voie vers l'épanouissement collectif et personnel: la furtivité.
Bémols : la relation père-fille pèche par ses poncifs, alors même que (voire parce que) l'auteur est lui-même père. Et la diversité des proses qui peut rendre la lecture rébarbative : il faut s'accrocher, et j'en connais plus d'un.e qui a abandonné la lecture en cours de route.