Les fusils est un livre qui ne manque pas d'ambition. L'idée cardinale, si elle devait être résumée, est la réincarnation (ou la multi-incarnation) d'un officer du XIXe avec un genre d'aventurier du siècle suivant.
Leurs points communs ? Une passion pour le Grand Nord et un amour contrarié, chacun pouvant partager les pensées et les sensation de l'autre à n'importe quel moment.
Autant dire qu'un montage bien dosé et des effets mesurés auraient pu accoucher d'un très grand roman, mais William T. Vollmann a déroulé son histoire sans se préoccuper de sa consistance. Il y a du coup des transitions qui fonctionnent mieux que d'autres.
Par exemple, passer du récit où Subzéro frôle la mort à Isachsen aux sursauts désespérés du dernier survivant de l'expédition Franklin (désincarné par l'usage exclusif d'un "il") pour mettre en parallèle la mauvaise préparation d'un séjour arctique, OK. Mais les je/tu/il dont on ne sait pas à qui ils correspondent sur plusieurs chapitres, c'est beaucoup moins heureux.
C'est à l'arrivée très inégal, avec des passages brillants (ceux basés sur l'expédition Franklin ou sur la propre expérience de Vollmann dans une station météo reculée) et d'autres (ceux où il semble que seule l'imagination bosse) où l'action se distend à outrance.
La passion du Capitaine Subzéro/John Franklin avec Reepah est insipide au possible, sans qu'on ne sache bien ce que le Franklin du passé ou le Subzéro du présent ont bien pu lui trouver.
Bref, à lire par curiosité en gardant à l'esprit que ça passe ou ça casse.