Publié sur L'homme qui lit :
Agnès Martin-Lugand s’est fait connaître après que Michel Lafon a édité son premier roman, découvert par internet en e-book autoédité, et culminant depuis à plus de trois cent mille exemplaires vendus. La psychologue clinicienne de formation, qui vit à Rouen avec ses deux enfants, a choisi de se consacrer désormais à littérature et a sorti deux autres titres depuis : La vie est facile, ne t’inquiète pas, qui est la suite de cette histoire, puis Entre mes mains le bonheur se faufile, toujours chez le même éditeur.
Les gens… retrace l’histoire de Diane, qui tient avec son meilleur ami homo un café-librairie dans Paris, du deuil insurmontable de son mari et de sa fille, de sa lente descente aux enfers depuis leur mort, de son abandon face à la vie, jusqu’à ce qu’elle entreprenne ce voyage de reconstruction en Irlande, dans un petit cottage de bord de mer, perdue dans sa nostalgie.
Là-bas, elle rencontrera un homme bourru et taiseux, blessé comme elle.
La première moitié du roman est assez touchante, on compatis pour cette faille qui s’est creusée dans la vie de Diane, on comprend sa douleur, ce vide. On aurait envie de lui amener un mug de thé en silence, et de s’asseoir à côté d’elle. Seulement voilà, ce qui ressemblait à un joli roman s’est transformé en roman de fille, teinté d’un romantisme hystérique, où Diane passe son temps à détester son voisin (le stéréotype de l’homme solitaire vivant reclu dans une vieille maison de pierre) puis à l’aimer, alternant une phase après l’autre, le tout saupoudré d’un tabagisme à faire pâlir un buraliste et d’une histoire absurde de rivalité féminine digne d’un roman pour adolescentes. Dans le dernier tiers, la lecture devient tellement insupportable qu’on imagine déjà Charlotte Gainbourg tenir le rôle face à Denis Menochet dans une adaptation en « film français » typique.