Les Geôliers
6.4
Les Geôliers

livre de Serge Brussolo (2017)

Les livres que je pourrais jeter au feu sans sourciller se comptent sur les doigts d'une main, et les geôliers prends une place centrale dans ce triste palmarès. Et je vais spoiler comme un porc, je vous le dis de suite.


Imaginez Stephen King qui changerait de sexe, se ferait violer par un extraterrestre sorti d'un mauvais remake d'X-Files, tomberait enceint, ferait une fausse-couche, et Liu Cixin écrirait l'autopsie et l'acte de décès du foetus mort. Voilà, c'est à peu près à ça que ressemble les geôliers. Et croyez bien que je pèse chacun des mots de cette métaphore ridicule :



  • Pendant le premier tiers, Brussolo tente d'écrire à la Stephen King, pour ancrer son histoire dans le quotidien des US, mais c'est totalement raté. Ca ressemble plus à un ado qui essaye de faire comme si, et qui passe son temps à nous faire des clins d'oeil pour qu'on voit comment il connaît bien la culture américaine. J'aurais pitié si je n'étais pas en colère.


  • Les extraterrestres d'X-Files : le coeur de son histoire est complètement bidon, amené avec des gros sabots pleins à ras bord d'exposition mal faite, et farci d'incohérences (les geôliers refusent absolument de tuer, mais ça ne pose pas de problème de tuer des humains, qui sont les descendants dégénérés des aliens censés être surveillés par les geôliers, par exemple. Ok, donc quand ça arrange sa construction dramatique, ils ne tuent pas, mais pour qu'il y ait une tension, ils tuent quand même...). Et le coup du 'en fait on est tous des descendants d'aliens exilés il y a des millions d'années', ça ressemble à du mauvais Prométhéus, qui volait déjà au ras des pâquerettes...


  • le changement de sexe : retournement de situation bidon et qui tombe à plat d'un personnage qui en est en réalité un autre, la fameuse Debbie que tout le monde cherche partout, et qui, incroyable, était là sous nos yeux depuis le début.


  • La référence à Liu Cixin : 'Le Problème à Trois Corps' fait partie de ma liste maudite, et les geôliers est au moins aussi mal écrit. C'est lourd, répétitif, blindé de clichés, inintéressant, les personnages sont creux comme pas possible, les dialogues sont désolants, et ce style, mais ce style... Un exemple, juste comme ça : "Son estomac grogne, lui signifiant qu'il souhaite être nourri". Là, si l'éditeur avait fait son job, il aurait dit à Brussolo :


  • Non mais, Serge, quand un estomac grogne, on se doute bien que ce n'est pas pour demander de faire une partie de Fortnite.
    Et tout est comme ça. Des phrases qui ne servent à rien, qui surexpliquent tout comme si le lecteur était un demeuré, il y en a au bas mot dix par pages. J'en saigne des yeux.
    Autre exemple : untel fait un truc bizarre auquel assiste l'héroïne qui pense : 'Trop chelou, comme dirait les adolescents'. Mais putain mais qui écrit comme ça ? On dirait un papy qui écrit pour des papys.
    J'ai entamé ce bouquin après avoir terminé 'L'archipel du goulag' de Soljenytsine, et autant dire qu'en terme de contraste stylistique, c'est la douche froide absolue...


Ce bouquin me fait péter un câble, et je vais aller au bout par pur masochisme (j'en suis à 400 pages sur 500, la dernière ligne droite va être longue), puis il ira à la déchetterie (même pas à Emmaüs, je refuse de faire souffrir quelqu'un d'autre avec mon exemplaire. Pour la petite histoire, ce sera la 2e fois de ma vie que je jetterai un bouquin, acte pourtant hautement sacrilège à mes yeux, mais là il faut arrêter de déconner).


Je suis énervé parce que j'ai lu 'Le syndrôme du scaphandrier' et 'Frontière barbare', de Brussolo, qui sont à mes yeux des chef d'oeuvre (je vais quand même les relire pour être sûr, parce que je suis pris d'un gros doute, là) et quand, au hasard, je suis tombé sur 'les geôliers' chez le libraire, je l'ai pris sans réfléchir, en me disant que c'était du Brussolo, donc ça allait être génial, inventif, déstabilisant, bien écrit, bref, la totale, quoi.


En réalité, si vous écrivez un roman en faisant tout l'inverse des geôliers, vous êtes certain d'écrire le roman du siècle. Il n'y a rien qui va, et j'ai l'impression de m'être fait enflé de 8 € juste parce qu'il y avait écrit 'Serge Brussolo' sur la couverture. Un peu comme avec les Furtifs de Damasio, mais là c'était carrément 23 €.
Oui, je sais, les considérations mercantiles font très terre à terre, mais là, on atteint un tel niveau de nullité que je m'en veux d'avoir donné de l'argent à Folio et à Serge Brussolo.


Passez votre chemin et ne vous retournez pas. Allez plutôt lire un bon Stephen King, justement. Ou lisez les deux autres titres que j'ai cité de Brussolo.

iceman273k
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le 18 févr. 2022

Critique lue 36 fois

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