Davantage roman de haine que roman d'amour, l'œuvre d'Emily Brontë paraît très vite figurer les grandes idées — un peu fausses — qu'une jeune femme peut se faire des hommes, et surtout de l'influence de la gente féminine sur eux. Les relations sont ainsi ahurissantes, par moments incompréhensibles : il est tout à fait déraisonnable d'aimer un protagoniste tel que Heathcliff, si plein de perversité, irrémédiablement condamné dès les premières pages. Les autres personnages ne sont pas en reste, ils sont pour la plupart aussi détestables, toujours prêts à agir absurdement, sous l'impulsion de leurs émotions — comme des enfants donc.
N'y aurait-il pas eu cette seconde partie centrée sur la relation émouvante entre un père et sa fille, j'aurais rechigné à reconnaître ce bouquin digne d'autant de louanges. Il faut toutefois apprécier le talent de l'auteur pour l'enchâssement ; d'ailleurs, nous lecteurs, pouvons-nous vraiment croire ce qui nous est raconté alors que l'histoire est transmise de bouche à oreille de façon si mystérieusement précise ?
À noter une fin joliment satisfaisante, qui parvient à éclipser la noirceur des quatre cents pages précédentes.