Paru pour la première fois en 1977, ce court roman japonais qui n’a été que récemment traduit en français se présente comme un récit de science-fiction burlesque dans lequel se mêlent fantaisies de l’imaginaire et méditations, plus sérieuses qu’il n’y paraît au premier abord, sur la biologie en général et quelques grandes questions relatives à la théorie de l’évolution en particulier. Dans le futur, une équipe de scientifiques est partie s’établir sur la planète Nakamura, surnommée la planète porno du fait que tous les êtres qui y vivent, des algues aux humanoïdes en passant par les oiseaux et les crocodiles, semblent être possédés de frénésie sexuelle. « Il se produit fréquemment sur cette planète des événements qui ne sont pas de l’ordre du sens commun, explique le Dr Fukada, avec, qui plus est, la particularité que ces événements ont tendance à se manifester de façon obscène. » Une jeune botaniste, le Dr Shimazaki, se retrouve accidentellement enceinte des œuvres d’une engrosse-veuve, une herbe fécondant des femmes (uniquement des non vierges) par parthénogenèse au moyen de ses spores. Comme elle n’a aucune envie d’accoucher de cet enfant hybride, trois de ses collègues partent en expédition pour s’enquérir d’une méthode d’avortement auprès des Nunudiens, un peuple d’indigènes partouzeurs dont les lointains ancêtres auraient été des hippies exilés de la terre.
Le professeur Sona, narrateur de l’histoire, le grincheux docteur Mogamigawa, et Yohachi, un assistant très porté sur la chose, s’engagent dans un périple risqué sur cette planète pleine de surprises où même le vent produit des gémissements de femme en extase. Croisant des « algues dégoulinantes, sanguinolentes et farfouilleuses », des myosotristes qui font perdre la mémoire, des lichens touche-pipettes, des rouge-glands, des pins-bêches, des méduses-raplapla, des tatami-popotames et autres êtres lubriques et tous herbivores, baptisés à coups de mots-valises et de calembours, les trois hommes devisent sur l’interdépendance des espèces, les théories de la dévolution et de la dégénérescence ou la radiation adaptative dans la flore et la faune. Une aventure farfelue à l’esprit plus que tordu.