Pitié pour les hommes...

Montherlant, découvert à 17 ans. Le grand amour, tout de suite. Alors forcément, on le met dans son Top 10 livres, 3 ans après, parce qu'on croit en ses amours de jeunesse.
Puis un beau jour, on le rouvre. Et les poings se serrent.

Montherlant, j'ai bien envie de le secouer. Henry, s'il-te-plaît! Pas de ça! Nous étions si bons amis...

Beauvoir te consacre un chapitre du Deuxième Sexe. "Montherlant, ou le pain du dégoût". Peu élogieux, on s'en doute. Je le lis. Je griffonne dans la marge toutes les objections possibles et imaginables. Puis je rouvre mes Jeunes Filles. Et je griffonne dans la marge toutes les insultes possibles et imaginables. Je me retrouve bien emmerdée, avec mes deux bouquins sur le bureau.

Montherlant est rassasié des femmes. Il déverse une mer d'ordures, et les laisse s'y noyer. D'ailleurs, elles protestent à peine. En farouche aristocrate (bon bourgeois, oui!), il ne ferait pas un geste pour les sauver.

Oui, mais ! (Parce qu'il y a un mais). Ces jeunes filles ne semblent pas trop réelles. Et la haine qui semble souvent les prendre uniquement pour cible, vise à une destruction généralisée.

Montherlant vomit aussi les hommes.

Il est sauvé! Je l'absous généreusement. Comme toutes les femmes, j'aime donner. Son indigestion est générale. Cousin de La Bruyère, un peu. Les amours molles, la chair triste, la lassitude, la médiocrité, ça touche tout le monde. Ouf, je commençais à désespérer

Montherlant, on le retrouve, blessé, derrière chacune de ses pages. Mon instinct maternel parle, ça doit fausser ma lecture. Tant pis...

Henry , je t'aime quand même. J'aime percevoir, derrière tes sourcils froncés, l'angoisse de redevenir poussière. Et puis, je te trouve drôle. Je pense que je ne rouvrirai pas tes bouquins de sitôt, mais pas grave. Je te laisse même 10/10, car je suis bon(ne) prince(sse).

Chez toi, les femmes et les hommes dégoulinent à l'unisson, et ça n'est pas beau à voir. J'aime bien!

Costals, ton héros solaire, il se moque, il écrit quelques lettres. (il a du style, il faut le dire). Il pratique d'autres activités, un peu moins recommandables. Et puis il discute, quand il se sent d'humeur.

Mais avec qui?

Les jeunes filles pardi! On les vomit, peut-être, mais avec qui d'autre papoter? Moi je dis, bon plan.