Toujours cette incroyable acuité d’écriture qui rend la réalité et l’émotion palpables. Cette fois encore, on est touchés par la proximité des personnages qui font forcément écho à une partie de soi. Des familles en décomposition, des secrets, des enfants en souffrance, des hommes et des femmes qui résistent comme ils peuvent... J’ai lu très vite, happée par les drames qui se jouaient autour d’un collégien en perdition. Le risque de déception est là : chaque protagoniste a sa propre densité qui n’est pas complètement expliquée, et le lecteur reste frustré dans l’accompagnement de chacun.
Mais la subtilité de ce roman en est bien le thème, l’angle de conception : les loyautés. Nous avançons dans la vie avec des choix courageux qui parfois ne se voient pas, avec de petites lâchetés qui prennent trop de place,… ou bien l’inverse… Dans chacun des personnages, on peut rechercher la nature, l’origine, la toxicité ou la force de ces loyautés qui les constituent. Et ces loyautés façonnent leurs relations les uns aux autres, leurs interprétations, leurs réactions.
C’est un roman sombre, mais pas seulement. J’ai vu aussi ces liens qui permettent de trouver d’autres voies que le malheur, les sursauts et la survie qui passent par les mots qu’on parvient enfin à dire, par la main tendue que l’on prend un jour.